Un pèlerinage aux racines du jazz
Par : Jean-Claude Sabourin
Le Festival de Jazz de Montréal (FIJM) ouvrait ce 27 juin avec le spectacle du McGill Jazz Orchestra sur la scène Rio Rinto. J’aime prendre le temps d’assister à ce genre de représentation qui s’abreuve aux racines du jazz (dans ce cas-ci chez Duke Ellington) et nous montre les germes des futurs musiciens et chanteurs qui fouleront les planches du FIJM plus tard.
Une espèce de tradition chez moi. Une mise-en-bouche avant de me rendre au Gesù pour aller écouter les membres du Stephen Barry Band qui représente aussi une tradition dans le ciel musical québécois. On les connaît pour leur blues bien solide, musique à l’origine du jazz, faut-il le rappeler.
Les messieurs se présentent dans des habits flamboyants, nous faisant oublier quelques instants qu’ils sont les papis du blues montréalais. Le groupe a été fondé en 1974 et a enregistré neuf album depuis. Évidemment, ils ont fait le tour du Québec plus d’une fois dans leur carrière.
Chaque année au FIJM, je me déplace pour assister au spectacle de musiciens pour qui ça peut être la dernière fois au festival. Évidemment, ce n’est pas ce que je leur souhaite. Toutefois, j’ai manqué le spectacle d’Ella Fitzgerald lors de sa dernière visite à Montréal et je me suis juré que ce genre de situation ne se reproduirait jamais plus pour moi.
Toujours solides
Je suis donc assis sur un siège du Gesù, content de voir que le fondateur de notre « band » de Montréal se tient encore debout, me rappelant la dernière prestation de Dave Brubeck au FIJM alors qu’il peinait à marcher.
Pour le reste, on assiste ici aussi à un phénomène étonnant : des musiciens dont l’expérience et le talent effacent totalement le poids des années lorsqu’ils jouent de leur instrument. La troupe de Stephen Barry jouait certainement aussi « tight » à 25 ans. Peut-être avec un peu moins d’assurance qu’aujourd’hui.
On perçoit néanmoins, une certaine fragilité, dans le chant surtout. Un aspect que le groupe exploite avec humour. Une fragilité, pas seulement celle de l’âge, mais celle acquise par l’expérience, qui les sert bien dans une chanson plus touchante. Difficile de ne pas être ému à ce moment.
Le spectacle fait le tour de leur cinquante ans de carrière grâce à une variété de pièces couvrant différents styles de blues. Cela plaît évidemment aux spectateurs plus vieux qui les suivent depuis longtemps.
Le Stephen Barry Band est donc composés de musiciens solides qui font honneur à la famille musicale du blues malgré et grâce à des fragilités qui les accompagnent. S’ils reviennent au FIJM, je n’aurai d’autres choix que d’assister à leur spectacle à nouveau.