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Entrevue Pouzza 9

Guérilla Poubelle, nos cousins préférés!

©Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Par: Ariane Coutu-Perrault

Guerilla Poubelle était de retour à Montréal dans le cadre de la 9e édition du Pouzza fest pour leur 4e et 5e spectacle. Comme le trio Français semble avoir tout compris, autant niveau musical qu’engagement social, il allait de soit de s’entretenir avec Till, le chanteur et guitariste du groupe qui a le cœur sur la main.

Q: Vous semblez avoir une relation plutôt spéciale avec Montréal, comment s’est-elle développé ?

T: On est venu au Québec pour la première fois en 2005 et depuis on vient quasiment 1 à 2 fois par année. Aujourd’hui c’est notre 4e show à Montréal en moins d’un an ( Show secret au Turbo Haüs) on a fait moins de show à Paris depuis un an qu’à Montréal. Il y a toujours des bonnes opportunités, il y a beaucoup d’ami.es ici, on a Slam Disque qui nous aide quand on est au Québec et qui travaille vraiment dure donc forcément ça crée des occasions de venir.

Q: Vous êtes un groupe engagé, est-ce qu’il y a certains sujets qui sont plus durs à aborder

T: ouais, j’essaie de trouver une façon, il y a des thèmes que j’ai envie de parler, mais je N’ai pas envie de me réapproprier des causes ou de me servir d’un combat ou d’une inégalité pour faire des chansons cool. Le but c’est de parler des choses. J’essaie de trouver un point de vue différent. Par exemple avec les histoires de féminismes, on est un groupe de petit garçon blanc cisgenré hétérosexuel de classe moyenne, on est qui pour parler de comment c’est dur dans la scène et dans la société en général. Du coup, la chanson qu’on a faite sur le dernier album Nous sommes les fils les filles des sorcières que vous n’avez pas brûlés, c’est un hommage aux luttes féministes qui ont eu lieu. On ne veut pas se mettre à la place d’une fille ou faire la leçon aux gens de leur dire comment faire, parce que même moi qui est, je l’espère, respectueux et pas misogyne et pas viriliste. Mais ça m’arrive forcément malgré moi d’avoir des comportements plus »oppressifs» entre guillemets, et c’est un vrai travail de désapprendre tout ce qu’on t’a appris depuis que t’es un petit garçon. Et même en étant conscientes de ça, même les filles elles-mêmes reproduisent des schémas oppressifs, malheureusement. Alors voilà, cette chanson est un hommage et une occasion dans nos concerts de pouvoir parlé de ça et de dire qu’on espère que tout le monde est safe à nos show, que si on voit des comportements il faut les dénoncer, il faut en parler tout de suite, et on arrête de jouer au besoin. Donc voilà, c’est une occasion de dire ça sans faire la morale et sans passer pour des mecs parfaits non plus. Mais c’est effectivement des thèmes difficiles à aborder. Il y a aussi le thème des genres, des trans identités. Bon voilà, je suis un garçon cisgenre je ne vais pas me mentir, mais la virilité, la masculinité, j’ai toujours trouvé ça très oppressant même en tant que garçons. J’ai des traits de ma personnalité qui peuvent être considérés comme des stéréotypes féminins par la société et je me sens bien comme ça de naviguer comme ça et de ne pas rester dans mon rôle masculin dans une société misogyne. Avec cette chanson on a voulu dire, on est des garçons et on pleure et nos copines et amies elle parle fort et tout. On voulait dire que c’est possible de mélanger. Et qu’en tant que garçon qui avons à priori tous les privilèges du monde, on doit faire une société plus égalitaire et ce sera mieux pour tous. Au Pouzza, il y a beaucoup de filles dans les groupes et ça, c’est vraiment un truc bien. Même en tant que musicien c’est cool de se dire qu’il y a moins de mecs sur scène

Q: Est-ce qu’il y a de plus en plus de festivals qui essaient de faire cet effort?

T: Oui clairement, c’est un effort que les gens font de plus en plus. Par exemple mon Festival à Paris, This is my fest, j’essaie de faire cet effort. Quand il y a que des line up avec seulement des mecs, ça me rend plutôt mal à l’aise. Ce n’est pas sain. J’essaie de faire plus attention maintenant et on n’en est pas à l’imposer en tournée, mais quand on peut en discuter avec les organisateurs, on le fait.

Q: Est-ce que tu crois que le Pouzza est avant-gardiste de faire cet effort d’avoir plus de femmes qui participent au Festival ?

T: Je crois que c’est tout les autres festivals qui sont en retard. Malheureusement, il y a encore beaucoup de gens qui vivent au moyenne âge.

Q: À chacun de vos spectacles, il y a toujours des moments très fort lorsque vous parlez entre vos chansons, comment est-ce que vos interventions vous viennent à l’esprit ?

T: On joue souvent et on fait souvent les mêmes enchaînements de chanson du coup les moments où je fais des speechs sont souvent autour des mêmes chansons, c’est forcément les mêmes idées. J’ai que des bons retours, même à l’étranger. Le fait que je parle lentement et avec des mots simples et que je prenne le temps, les gens apprécie. Je reçois beaucoup de retours ou des messages très intenses.

Q: Est-ce que vous recevez beaucoup de messages de gens qui cherchent de l’aide?

T: Puisque c’est moi qui fais ces speechs la, j’en reçois beaucoup. Je passe du temps après les shows à parler avec des gens. Ça peut être lourd par moment, et je ne suis pas Psy. C’est facile de dire de la merde aux gens même en voulant aider et donner des mauvais conseils donc j’essaie de faire hyper attention en racontant mes propres expériences et je pense que c’est important dans n’importe quelle situation de ne jamais nier la douleur des gens. La meilleure façon d’aider c’est vraiment d’accueillir ça, de dire, je sais, que c’est dure, je sais que ça fait mal et tu as le droit de souffrir. Il y a rien de pire que de dire non ça va aller, ce n’est pas grave. Ça n’aide personne.

Q: Est-ce que c’était le but en partant Guerilla Poubelle, d’aller toucher les gens?

T: Non. Le but c’était de faire un groupe avec mes copains et de voyager, mais ça fait partie de la démarche. On est inscrit dans une communauté qui fonctionne comme ça et qui a besoin d’aller dans ce sens-là. Alors on ne fait que participer à cette communauté.

 

Les gars de Guérilla ont donné deux performances dignes de leur nom en remerciant »à fond la caisse» leur fidèle public qui s’est déplacé malgré la pluie. Si vous ne les avez jamais vus en show, faites vous plaisir et allez les voir la prochaine fois qui seront en ville.