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Entrevue avec l’artiste peintre Josianne Monette

Quant l’art fleurit en plein cancer

© Officielle

Par Benoît Dosseh (collaboration spéciale)

Josianne Monette fait la peinture pour répandre le « bonheur ». Lorsque vous vous voyez croquer la vie à pleines dents et que sans crier gare tous vos projets s’effondrent, en raison d’un événement tragique, il est difficile d’entendre la petite voix qui vous dit que tout n’est pas perdu. Et pour cause, la plupart du temps, il est plus facile de blâmer dame nature pour cette gifle d’une rare violence que de trouver la force de saisir d’autres occasions. Cet état des choses ne veut pas dire que l’on n’est pas capable de les saisir, mais que trop souvent l’on est (reste) aveuglé par ce drame. Toutefois, alors que l’avenir semble s’assombrir inéluctablement, il peut éclore au milieu du chaos, le pétale de l’espoir. C’est alors que le voile de la grisaille fait place à un rayon de lumière. Et ce rayon de lumière deviendra une véritable source lumineuse : la base d’une nouvelle occasion de croquer la vie à pleines dents.

La lumière, Josianne Monette l’a trouvée. Alors qu’elle était en lutte avec deux différents cancers en raison d’un gène rare (TP53), la « guerrière » trouve la force de surmonter ces épreuves à travers différents moyens, dont la peinture. Voici l’entretien que l’autodidacte de la peinture a accordé à Benoît Dosseh, pour MatTv.ca.

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MatTv.ca : Qui est Josianne Monette ?

Josianne Monette : Je suis une femme complète (rire). Je suis une femme d’affaires, une artiste. Je suis une personne empathique, énergétique et très déterminée. J’aspire à la vie, à la liberté. Je suis une maman, une maman d’un garçon, j’en suis très fière. Je suis une amoureuse, une femme super simple ! Avant de tomber malade, j’étais gestionnaire de projet dans une agence de communication. Après la maladie, j’ai monté un projet pour soutenir les personnes atteintes du cancer, mais j’ai dû l’abandonner. Et depuis un an, je suis conseillère en produits naturels.

MatTv.ca : Comment gérez-vous ces différentes casquettes ?

Josianne Monette : L’artiste et la femme d’affaires ? Je ne sais pas si je gère bien (rire). Honnêtement, ce n’est pas facile. C’est physiquement demandant, car je veux être la femme d’affaires, je veux être l’artiste. J’ai envie de tout faire en même temps. Mais ce n’est pas facile de donner autant de temps à l’artiste et à la femme d’affaires.

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MatTv.ca : Parlez-nous de cette période délicate, cette période des deux cancers…

Josianne Monette : Le cancer est arrivé, il y a six ans. C’était en 2014, je menais une vie épanouie, je venais d’acheter ma maison, j’avais une belle carrière, j’étais célibataire, seule avec mon garçon (elle soupire). J’ai géré [cette phase de ma vie] de façon extraordinaire, parce que je suis tombée comme une guerrière. C’est comme si la vie me donnait encore plus de [courage] pour recommencer la vie que je voulais vivre vraiment. Je n’avais pas le choix de tout, tout, tout, arrêter pour prendre soin de moi, parce que j’étais en train de mourir. Ç’a été comme, je ne sais pas, une grâce. Mais de dire que je veux revivre la même chose, non ; clairement pas. J’ai décidé de m’accrocher à la foi, de croire… que… j’allais m’en sortir, que j’allais guérir. Sinon, tant pis, j’aurais passé un bon moment. J’ai été très, très, très forte.

C’est là que j’ai découvert la peinture. Avant le cancer, j’étais très sportive et je débordais de millions d’idées. Et puis avec la maladie, je ne savais plus comment faire pour extérioriser le trop-plein. C’est là qu’une amie m’a dit : « peins ». J’ai dit : « Ben voyons ! Non », parce que je n’étais pas bonne en peinture. Je n’avais aucun talent. Elle m’a dit : « Ce n’est pas grave, peins quand même ! Au moins, ça va te permettre de t’extérioriser, parce que c’est tellement dur le cancer que… tu dois sortir ça ». C’est comme cela que j’ai commencé [à peindre] et j’ai aimé ce que je voyais et puis j’ai publié sur Facebook. Là, j’ai reçu beaucoup de commentaires positifs. Des waouh ! Waouh ! Waouh ! Et depuis, je n’arrête plus. Je n’avais aucune notion en peinture, zéro formation, zéro technique. Je peins avec mes tripes, avec mon cœur.

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MatTv.ca : Qu’est-ce que vous transmettez dans vos toiles, le message qui se dégage ?

Josianne Monette : Quand je peins une toile, c’est l’émotion qui m’habite, l’énergie qui m’habite. [Un court silence] J’ai de la difficulté à l’expliquer. C’est vraiment… Là, tu m’interviewes comme une artiste, mais je ne me sens pas comme une artiste moi là. Je me sens comme un imposteur. Ça m’a pris du temps pour me dire que je suis une artiste peintre. Je me sens [juste] comme une fille qui fait des tableaux et les gens aiment ça. Je suis encore dans le syndrome de l’imposteur. J’ai une gêne vis-à-vis de ceux qui sont allés à l’école de l’art, dont mon frère. J’ai comme une gêne de faire ça.

MatTv.ca : Ne pensez-vous pas que le public vous légitime en tant que tel ?

Josianne Monette : C’est vrai que les gens me suivent depuis longtemps. J’ai inspiré beaucoup de personnes. Il y a deux personnes qui sont venues me voir pour me dire qu’elles ont évité de se suicider parce qu’elles me voyaient joyeuse, heureuse. Je ne sais pas, je dois avoir une façon de faire [qui les rejoints]. Les gens m’aiment. En fait, c’est les deux extrêmes. Soit les gens m’aiment, soit ils ne m’aiment pas (éclat de rires).

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MatTv.ca : Quel est le style de votre art ?

Josianne Monette : Je fais de l’art abstrait. J’ai déjà essayé le paysage, le portrait, mais je n’ai pas aimé. J’ai quand même du talent là-dedans, mais je me sens mieux dans l’art abstrait. Je travaille avec la texture, j’aime beaucoup peindre avec la spatule, l’éponge…

MatTv.ca : Avez-vous déjà fait exposer vos œuvres ?

Josianne Monette : Oui. J’ai déjà fait trois expositions, mais c’est beaucoup cher [pour un artiste peintre qui n’est pas soutenu]. Ma dernière exposition remonte à trois ans. Ça me ferait plaisir d’exposer [mes œuvres] de nouveau, mais il faut que quelqu’un me soutienne. Donc pour le moment je me sers des réseaux sociaux, Facebook. Je veux juste que mon art voyage. J’aime que mes toiles aillent faire le bonheur des gens !

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Vous pouvez suivre Josianne Monette via sa page Facebook officielle.

Entrevue réalisée par Benoît Dosseh, collaboration spéciale.