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«Demain matin, Montréal m’attend» aux FrancoFolies

Moments magiques et performances d’acteurs renversantes

Louise gang

© Yves Renaud

Par : Christian Gaulin

C’était soir de première médiatique jeudi pour la comédie musicale Demain matin, Montréal m’attend. Une grande partie de la communauté artistique assistait à cette soirée au Théâtre du Nouveau Monde (TNM) en présentation spéciale pour quelques soirs dans le cadre des FrancoFolies.

D’abord créée au Jardin des Étoiles de Terre des Hommes Demain matin, Montréal m’attend est une comédie musicale écrite par Michel Tremblay et dont la musique a été composée par François Dompierre. Quarante-sept ans plus tard, elle est toujours aussi actuelle, nous démontrant ce que la quête de la célébrité peut comporter de malsain. «Le chemin de la gloire se monte à pied et se descend en bicycle«, nous rappelle-t-on dans la pièce.

Louise 2

© Yves Renaud

Louise Tétrault vient de remporter un concours d’amateurs. Le soir même, avec son trophée Lucille-Dumont à la main, elle quitte la campagne de Saint-Martin et sa job de serveuse au Bar-B-Q pour aller à Montréal retrouver sa soeur Rita et vivre son grand rêve de devenir chanteuse. Jalouse et ayant tout fait pour atteindre le sommet de la gloire où elle se trouve présentement, sa grande sœur, qui chante sur la Main sous le nom de Lola Lee, n’a aucune envie d’avoir Louise sur son chemin et de prendre le risque qu’elle vienne tout bousiller…  Elle cherche à décourager Louise en la promenant dans les bas-fonds des clubs montréalais, des endroits très peu glorieux, du club de travestis miteux au bordel minable, où elle a dû travailler pour se faire une place dans le showbizz.

Lola Lee

© Yves Renaud

Mise en scène par René Richard Cyr, la version 2017 vous permettra de passer un très bon moment, mais on ne réinvente pas la roue. On reconnaît la signature de Cyr. Tout s’enchaîne rapidement et va comme sur un feu roulant, malgré quelques longueurs. Le décor plutôt sobre sert tantôt de resto au Bar-B-Q, de cabaret, de bar de travestis et de maison close. Un écran géant situé au fond de la scène diffuse des images du Montréal et du nightlive des années ’60 et ’70. L’orchestre comptant cinq musiciens, qui joue en direct, est dissimulé derrière un gigantesque cadre auquel est suspendu un immense rideau de franges qui nous met dans l’ambiance des cabarets de l’époque. Côté costumes, ils sont flamboyants et magnifiques. Les plumes et les frous-frous sont au rendez-vous!  Quant à la mise en scène, on nous ouvre l’appétit avec un numéro où les chaises berçantes ont une double utilité et deviennent des bancs d’autobus. Il aurait été vraiment intéressant que cette créativité avec les accessoires se poursuive tout au long de la pièce, mais on s’en est tenu qu’à cela. Dommage.

Duchesse et gang© Yves Renaud

Mais, la vraie raison de se déplacer pour aller voir Demain matin, Montréal m’attend, c’est la performance sublime des acteurs. Ils sont seize sur scène dont huit qui campent les rôles principaux et huit danseurs et chanteurs qui forment le chœur, en plus de jouer différents personnages. Tous sont fabuleux et chacun y trouve son moment de gloire, à commencer par Hélène Bourgeois Leclerc, une grande actrice qui rend justice au personnage de Rita (Lola Lee), tant dans son jeu que dans sa performance vocale. Laurent Paquin, qui délaisse l’humoriste pour personnifier admirablement La Duchesse de Langeais, livre selon moi le moment fort de la soirée avec Les lamentations de la Duchesse, offrant une interprétation magistrale et fort touchante.

La comédie musicale nous permet également de faire une belle découverte. Diplômée du Collège Lionel-Groulx en art lyrique en 2008 et de l’École nationale de théâtre en 2016, Marie-Andrée Lemieux campe avec brio et aplomb le rôle de Louise Tétrault. Mezzo-soprano, elle offre des performances vocales en solo avec une grande solidité. Connu pour plusieurs grands rôles principalement au théâtre et à la télévision, Benoît McGinnis est parfait en Marcel-Gérard, une caricature du potineur Michel Girouard et de son chien Cachou, du vrai bonbon! Puis, Kathleen Fortin, actrice et chanteuse dont la renommée n’est plus à faire, est impressionnante en Betty Bird, la tenancière de bordel. On note aussi le superbe jeu des acteurs Christian Laporte en Sandra la travestie, Michelle Labonté qui personnifie la Mère Tétrault et Geneviève Alarie dans le rôle de Butch, la fille qui tente de se faire passer pour un gars.

Marcel Gérard© Yves Renaud

À la fin de la représentation, la distribution a invité Michel Tremblay, François Dompierre et René Richard Cyr à venir les rejoindre sur scène pour le salut final et leur remettre des fleurs. Tremblay a de quoi être fier et c’est une belle occasion pour lui d’amorcer ses 75 ans. Certes, ce fut une soirée fort agréable, divertissante et colorée! Demain matin, Montréal m’attend est présentée aux Francos jusqu’au 25 juin et du 19 septembre au 17 octobre au Théâtre du Nouveau-Monde, avant de partir en tournée au Québec en 2018.

Crédit photo – Yves Renaud

 Texte révisé par : Nabila Chabane