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Consentement

Affronter seule le système judiciaire

 

© Caroline Laberge

Par Sébastien Bouthillier

Les victimes d’agression sexuelle affrontent seules le système judiciaire. La justice s’enlise dans la procédure. Le contre-interrogatoire amplifie la honte de la victime. L’avocat de la couronne sert la justice impartiale. Il ne protège pas la victime, surtout quand l’avocat de l’accusé est son vieux chum.

Une brochette de comédiens à la réplique cinglante incarne les membres des couples qui se tisseront et s’effilocheront durant deux heures sur scène. Après Québec-Montréal et Horloge biologique, Patrice Robitaille s’emmêle encore dans les rapports homme-femme.

David Savard, Anne-Élizabeth Bossé, Mani Soleymanlou, Cynthia Wu-Maheux, Véronique Côté et Marie Bernier forment le reste de la distribution. Les hommes sont avocats. Ils maîtrisent la procédure pour mieux servir leurs intérêts professionnels, tout en invoquant les grands principes du droit… ils reconnaissent que c’est ainsi que le système fonctionne.

Le spectateur épouse tour à tour le point de vue de la victime, celui du juge et celui de l’avocat dans une cause d’agression sexuelle. En filigrane, la vie conjugale des mariés se délite à cause d’infidélité des époux. Qu’ils soient en couple ou célibataire, l’existence des hommes orbite autour de femmes qui les attire comme si elles exerçaient sur leur sexe une irrésistible attraction.

Bref, Consentement présente les officiers de justice comme des égoïstes qui auraient substitué la sexualité à leur jugement. Le pardon requiert un altruisme dont ils sont peut-être incapables… Si le thème est terrible, le texte est plus qu’ironique, il est sarcastique. Pourtant, le public rit en entendant les contradictions dans lesquelles s’enfargent les protagonistes.

La Britannique Nina Raine a rédigé la pièce, qui a été créée en 2017 à Londres. Frédéric Blanchette a choisi une mise en scène dépouillée qui accentue la perte de repère des personnages.

Consentement, au théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 2 février.

 

Texte révisé par: Marie-France Boisvert