un magazine web axé sur la culture d’ici

Cabaret de la seconde chance

Une troisième édition riche en émotion

2ND_12

© Martial Genest/MatTv.ca

Par : Martial Genest

C’est un vendredi 13 que la troisième édition du Cabaret de la seconde chance avait lieu au Gesù. Le cabaret a pour but de sensibiliser sur les préjugés et ainsi aider à la réinsertion sociale des personnes judiciarisées.

L’art étant une expression de sentiments, la présence de créations d’artistes avant le spectacle était une excellente chance de rencontrer et même d’échanger avec eux. Nous avons eu le plaisir de faire la rencontre de certains artistes en coulisses, avant qu’ils ne montent sur les planches. Nous avons posé la question « Dans le thème de la soirée, la seconde chance, bien vouloir nous conter une anecdote de votre vie où vous auriez voulu une seconde chance ». Et voici les réponses que nous avons obtenues :

Où j’aurais voulu avoir un seconde chance? C’était un soir de show de Peter Gabriel, une de mes idoles de tous les temps, et puis j’avais des passes backstage pour aller le rencontrer. J’avais amené des amis avec moi. Je suis arrivée backstage et il y avait un petit peu d’attente, puis pendant que j’attendais, j’ai commencé à angoisser et j’avais peur d’être déçue et de ne pas savoir quoi lui dire, faque j’ai regardé mes amis et j’ai dit, on s’en va! Ils m’ont dit, ben voyons! on peut pas s’en aller. J’ai dit, moi, je m’en vais, restez tout seuls si vous voulez, mais vous pourrez pas y aller, car les passes sont à mon nom. Je suis partie, et je l’ai jamais rencontré.

           –Luce Dufault

Le jour où j’aurais eu besoin d’une seconde chance est le jour que je suis arrivé au Québec, il y a près de 18 ans, je suis originaire de France. Donc j’arrive au Québec, je rencontre des gens, je suis dans un bar, on discute et puis évidemment, tous les mots ne sont pas toujours exactement les mêmes. Puis je venais de débarquer et je raconte à quel point j’aime les gosses, que les gosses, c’est quelque chose d’important dans la vie et ba ba ba. Les gosses, pour moi, quand j’en parle, c’est des enfants évidemment, mais ici, les gosses, c’est autre chose. Donc j’ai eu l’air un peu cave, mais ça a été une belle expérience et ce fut, pour moi, l’occasion d’apprendre le mot gosse au Québec et ce que ça signifie réellement.

           –David Henry

C’est tout frais, j’aimerais ça revenir en arrière, quand je suis tombée cet été, je me suis fracturée le poignet, j’aurais aimé ça revenir en arrière. Il y des situations dans la vie où on aimerait ça arrêter le temps et revenir un petit peu en arrière, cela m’est arrivé quelques fois.

           –Claire Pelletier

Ma seconde chance? J’en ai eu plusieurs secondes chances, principalement les gens qui m’ont donné, l’opportunité de travailler, parce que travailler quand tu as fait de la prison, c’est extrêmement difficile de se trouver un emploi, et il y a des gens qui m’ont fait confiance malgré mon passé.

           –Daniel Benson

Oui, je la demande cette seconde chance-là, parce que quand j’étais au secondaire, un moment donné, je me tenais avec une gang et la dynamique de cette gang-là était de rire de certaines personnes. Aujourd’hui je le regrette tellement que j’essaie de mettre le plus d’amour possible dans tout ce que je fais. C’est comme si je demandais à la vie de me pardonner et j’ai pris le pari, et je demande à chaque jour de l’aide à me guider sur la voie de l’amour, parce que je trouvais que ça manquait beaucoup d’amour ce que j’avais fait. Mais quand on est jeune, parfois on fait des choses et ça, je le regrette tellement, donc je prends cette seconde chance à tous les jours.

           –Luc Guérin

Moi, mon père est décédé il y a quinze ans, puis c’était un homme très silencieux, et je regrette de ne pas lui avoir parlé plus, pour essayer de le comprendre, tu sais, qu’au lieu de faire du jugement, j’étais jeune, j’irais plus pour tenter de comprendre l’être humain et tout ça, c’est là que je prendrais une seconde chance.

          –Jacques Lebel

À la fois, c’est un peu général, mais à toutes les fois qu’on rencontre quelqu’un, qu’on ne réussit pas la rencontre, c’est-à-dire qu’on n’est pas assez présent, on n’est pas assez présent à l’écoute de l’autre, souvent j’ai regretter de ne pas avoir été là entièrement. Quand on rencontre une nouvelle personne, c’est pas que j’ai des regrets, mais je me dis : la première fois, il ne faut pas manquer ça!

           –Marie-Denise Pelletier

Sans entrer dans les détails et tout ça, mais avoir une seconde chance pour rescaper une amitié. Tu sais, il m’est arrivée de perdre une amie à cause de plein d’affaires et de circonstances et me rendre compte des années plus tard qu’elle me manquait. Mais qu’il n’y a plus rien qui va être pareil, il y a quelque chose de mort et on ne pourra pas revenir, parce qu’il y a un momentum qui n’est plus là, il y a du vécu. Donc une seconde chance de rescaper une amitié.

          –Debbie Lynch-White

Le spectacle était chargé d’émotions, des mots de bienvenue de David Henry, un mot de la marraine d’honneur Guylaine Tremblay, des chansons interprétées par Claire Pelletier, Edwin Lopez, Marie-Denise Pelletier, Don Vi, le duo Jimmy Gauthier et Amélie Paquet, Luce Dufault et Emilie Altimas. La lecture de textes de personnes judiciarisées par Debbie Lynch-White, Luc Guérin et Élise Guilbault ou la lettre de Céline Legault écrite à elle-même. Tous les artistes étaient présents pour la cause. Une seconde chance, tous nous en aurons besoin d’une un jour, donc pourquoi ne pas la donner à autrui? Le talent n’a pas de préjugé et il est présent partout comme nous pûmes en être témoins. Il y aura une 4e édition du Cabaret de la seconde chance, et il serait regrettable pour vous de le manquer. Pour en savoir aussi sur les autres activités de l’Association des services de réhabilitation sociale du Québec, allez sur leur site.

Crédit photo : © Martial Genest/MatTv.ca

Texte révisé par : Johanne Mathieu