un magazine web axé sur la culture d’ici

Beauté Fatale

Documentaire de Léa Clermont-Dion sur l’obsession de la beauté

Astr-5©Alexa Enlow Malky/ MatTv.ca

Par Jessica Hébert

« Peut-on vraiment échapper à l’obsession de la beauté? » C’est la question que s’est posée Léa Clermont-Dion dans son premier documentaire, Beauté fatale. Léa s’interroge depuis longtemps sur l’image corporelle et la pression de correspondre à un modèle de beauté unique et souvent inatteignable.

« Je me suis posée la question, je me suis dit que peut-être je pourrais passé à autre chose et arrêter d’en parler. C’est en rencontrant les jeunes qui sont ébranlés, touchés, sensibles à cette question là que je me suis dit non, il faut continuer, c’est important d’en parler. » – Léa Clermont-Dion

Le documentaire est composé de deux parties : jouer à la poupée et date de péremption.  Tout au long du documentaire, on entre dans cette obsession de la beauté qui peut devenir maladive. Léa s’interroge à savoir jusqu’où peut mener cette recherche de la beauté. Pour ce faire, Léa rencontre des mannequins, d’anciennes détenues, mais de manière encore plus vraie, elle replonge dans son passé d’anorexique alors qu’elle a frôlé la mort et elle discute avec sa mère, avec qui elle a une relation particulière. Léa est très authentique et elle « met ses trippes sur la table ». Le documentaire est chargé en émotions, on sent la vulnérabilité de Léa et surtout la complexité de sa relation avec sa mère. D’ailleurs, Léa n’avait jamais regardé la partie avec sa mère avant le visionnement : elle en était incapable. C’est les yeux dans l’eau qu’elle l’a découverte en même temps que nous.

Léa Clermont-Dion

« Cela a renforcé certaines angoisses et inquiétudes que j’avais, c’est sûr que c’est libérateur… mais c’est très difficile pour moi de plonger dans des trucs comme ça, je pense que ça m’a angoissée encore plus dans ce sens là. Mais j’avais quand même fait la paix avec ça, avec ce sujet-là. » – Léa Clermont-Dion

Léa discute également avec d’anciennes détenues afin de savoir si dans un endroit clos, sans hommes, la pression de plaire et la quête de la beauté sont aussi fortes. C’est paradoxal de constater à quel point la pression devient immense en prison, mais également à quel point ça rassemble les prisonnières.

Un moment qui m’a particulièrement émue, c’est la rencontre de Léa avec Mitsou. Deux magnifiques blondes pulpeuses aux grands yeux, deux femmes inspirantes qui ont tout pour ressembler au « modèle de la poupée », mais qui pourtant n’aiment pas leur image et qui se sont toujours battues contre celle-ci. « Ça fait trente ans que j’espère… que j’espère ne pas avoir mon corps », avoue Mitsou dans le documentaire. On sent bien le paradoxe. « Je ne me fais pas vomir… au lieu, je fais de l’exercice », avoue une Mitsou pas totalement en paix avec son image. Même son de cloche chez Léa. « Encore aujourd’hui, si je suis dans un lieu public, si je n’ai pas d’attention… c’est monstrueux à dire, avoue Léa à sa mère, mais je ne suis pas bien. » « C’est la preuve que même si on correspond quand même relativement aux critères de beauté, on peut se sentir moche. Pour celles qui n’y correspondent vraiment pas, c’est encore plus difficile », m’explique Léa.

Léa Clermont-Dion

Le documentaire fait extrêmement réfléchir sur le modèle de beauté unique, celui de la jeunesse et de la minceur, proposé par la société et le culte de la jeunesse. Les rencontres avec les diverses personnalités : Micheline Lanctôt, Valérie Blais, Léane Labrèche-Dor, Marie-Chantal Perron et Claire Lamarche sont touchantes et nous font réaliser que cette obsession touche beaucoup plus de gens que l’on croit.  C’est une belle prise de conscience autant pour les femmes que pour les hommes.

« J’ai été surpris de l‘étendue de la détresse que les femmes vivent, même si on côtoie des femmes. Il y a même des choses que dans un couple, c’est un peu tabou, on n‘en parle pas trop », avoue le réalisateur, André Saint-Pierre.

Beauté fatale sera diffusé les 9 et 10 décembre prochain à 21 h à Télé-Québec. Léa et le producteur, Guillaume Lespérance, échangeront en direct sur Twitter lors de la diffusion.

Crédit photo: ©Alexa Enlow Malky/MatTv.ca