Jean Leloup couronné
Les célébrations de l’ADISQ étaient lancées hier soir alors que 17 prix ont été remis dans le cadre de l’ADISQ 2015 : le premier gala, au Metropolis. Jean Leloup en est ressorti le grand gagnant avec deux prix décernés pour son album À Paradis City : Album rock de l’année et Choix de la critique, en plus d’avoir été couronné Roi du Métropolis pour avoir foulé la scène de cette populaire salle de spectacle plus de 30 fois.
Ce dernier semblait visiblement heureux de ces reconnaissances et su faire des remerciements à son image, c’est-à-dire, un peu fou et joyeux, mais bien-pensés dans le fond. « Depuis quand on se laisserait impressionner, ça va faire! Lâchez pas, parce qu’on va gagner! » Il a aussi remercié ses parents à maintes reprises et a souligné en coulisse que ces derniers lui ont toujours permis de faire ce qu’il voulait tant qu’il travaillait fort pour y arriver. Il a aussi avoué que même s’il n’en était pas à son premier gala de l’ADISQ, il est quand même surpris à chaque fois qu’il gagne. « Ça fait plus me surprendre. Je fais mes affaires, des fois c’est bon, des fois c’est moins bons. Quand ça marche, je suis content. Quand c’est moyen, c’est moyen. Ce qui me fait plaisir, c’est qu’on peut gagner sa vie avec quelque chose que l’on aime. »
Animé par le journaliste musical Olivier Robillard-Laveaux, la formule de ce gala autrefois connu sous le nom L’Autre gala a été revue afin de vraiment mettre la musique à l’avant-plan, avec un pacing plus rapide et plus de prestations musicales dont celles de Eman X Vlooper, Jacques Kuba Séguin, Patrice Michaud, Salomé Leclerc, Alex Nevsky, Tire le Coyote, The Seasons et Yoan. Une formule qui a su plaire à de nombreux mélomanes si on se fie à plusieurs commentaires Twitter. De plus, tous les nommés étaient rassemblés sur une même scène avant l’annonce du finaliste gagnant. C’est une façon plus conviviale de reconnaître la présence de chacun, peu importe s’ils repartent avec un trophée ou non.
Si on dénotait un peu de nervosité de la part de Robillard-Laveaux au début, il a su vite assumer son rôle de maître de cérémonie avec assurance et brio. Accompagné de l’analyste et critique musical reconnu Claude Rajotte, les deux ont su mettre en contexte le travail des gagnants favorisant ainsi les découvertes dans une cérémonie où plusieurs niches musicales, connues et moins reconnues, étaient représentées, en plus de remettre un album du gagnant à un membre du public dans la salle.
Olivier a ouvert la cérémonie avec un monologue honnête et impartial sur l’industrie musicale d’aujourd’hui en plus de se rappeler de bons souvenirs du Metropolis. Cet amoureux de musique a salué le travail des maisons de disques québécoises qui travaillent ardemment à faire connaître de nouveaux talents tels que Bernhari, Safia Nolin et Klô Pelgag. Il a aussi déploré l’absence du groupe Loud Lary Ajust de la catégorie Album de l’année – Hip hop à cause de la forte présence de textes anglais dans leur oeuvre.
D’ailleurs, les récipiendaires de cette catégorie, Eman X Vlooper, m’ont avoué ensuite dans la salle de presse que cette absence apporte un certain bémol à leur victoire. Ils dénoncent à leur tour ce clivage énorme entre les scènes musicales francophones et anglophones qui perdurent encore , et voudraient que l’art de faire de la musique passe au-dessus de la langue. Malgré le fait qu’ils soient heureux et surpris de ce premier prix, ils auraient voulu que le tout le monde soit là avec eux parmi les finalistes.
Autres remerciements à noter, ceux de Pierre Lapointe, gagnants de deux Félix dont celui d’Artiste québécois s’étant le plus illustré hors-Québec. Pour ce trophée, il a avoué être honnêtement surpris « et je ne suis pas en train de faker pour avoir l’air cute, je ne m’y attendais vraiment pas! Mais je l’accepte avec plaisir et joie parce que j’ai travaillé en tabarnak en France! » Ajoutant aussi que l’exil n’est pas toujours facile même si on le fait pour vivre de son art. Lors de son second discours de remerciements pour le prix Album de l’année – Réinterprétation, il a souligné le fait cocasse qu’il l’a obtenu pour un album (Paris tristesse) dans lequel il ré-interprète ses propres oeuvres!
Maxime Landry n’était pas à ses premiers Félix, mais celui qu’il a gagné pour Album country de l’année l’a particulièrement touché : « J’ai toujours incorporé du country dans ma musique. J’ai interprété des chansons des autres. Mais pour cet album-ci, c’est différent, car c’est le premier avec mes propres compositions et paroles. Cette reconnaissance me rend encore plus fier. » Celui qui a passé une bonne partie de la dernière année en tournée avec le légendaire Paul Daraîche a remarqué à quel point la province affectionne le country.
Gagnante du prix Album de l’Année – Musique du monde, Bïa débordait d’enthousiasme. Elle a même remercié les gens qui ont acheté son album avec ce souhait : « J’espère que vous faites l’amour en écoutant ma musique! »
Les Barr Brothers, qui avaient obtenu plus tôt le Félix pour Réalisateurs de disque de l’année, se sont vu décerné le trophée pour Spectacle de l’année – anglophone pendant le gala télévisé. Ces Américains établis à Montréal depuis maintenant 10 ans ont souligné l’ouverture de la scène musicale québécoise à des projets avec des formules différentes de ce qui est habituellement offert. « La scène montréalaise est remplie de gens talentueux prêts à expérimenter pour leur art. C’est inspirant et nous sommes heureux de faire partie de cette scène. »
Les performances
Avec l’action qui se passait en salle de presse, j’ai malheureusement manqué quelques performances, bien malgré moi. Je veux cependant souligner quelques prestations. Tout d’abord, Alex Nevsky qui interprète son Himalaya avec une superbe section de cuivre dont faisait partie le trompettiste Jacques Kuba Séguin. Le sympathique duo de Patrice Michaud et Salomé Leclerc. Cette dernière ne cesse jamais de surprendre et s’était bien installée derrière la batterie alors que Patrice entonnait Je cours après Marie. Le Jolie Anne de Benoît Pinette alias Tire le Coyote a également attiré de l’admiration de plusieurs même si sa voix semblait en déranger d’autres. Toutefois, selon des gens sur Twitter, la salle était particulièrement silencieuse pendant sa performance.
ADISQ 2015 : le premier gala sera en rediffusion sur les ondes de MusiquePlus le jeudi 29 octobre à 17 heures, le samedi 31 octobre à 20 heures ainsi que sur les ondes de MusiMax le vendredi 30 octobre à 20 heures. Le Grand gala, qui sera animé par Louis-José Houde, sera diffusé en direct d’Ici Radio-Canada Télé le 8 novembre prochain à 20 heures.
Les gagnants
Choix de la critique : À Paradis City – Jean Leloup
Album alternatif : Zulu – Galaxie
Album anglophone : Where I Belong – Bobby Bazini
Album classique/Orchestre et grand ensemble : Ludovico Einaudi : Portrait d’Angèle Dubeau et la Pietà
Album classique/ Soliste et petit ensemble : Chopin: Complete Mazurkas – Janina Fialkowska
Album country : 3e rue sud – Maxime Landry
Album traditionnel : Têtu – Vent du Nord
Album hip hop : XXL – Eman X Vlooper
Album jazz : Quantum – Emie R Roussel Trio
Meilleur vendeur : Plus tard qu’on pense – Fred Pellerin
Album musiques du monde : Navegar – Bïa
Album de l’année – Réinterprétation : Paris tristesse – Pierre Lapointe
Album rock : À Paradis City – Jean Leloup
Spectacle de l’année – humour : Cathy Gauthier – Pas trop catholique
Spectacle de l’année – anglophone : Sleeping Operator – The Barr Brothers
Vidéoclip de l’année : Mardi Gras – Pierre Kwenders
Artiste québécois s’étant le plus illustré hors-Québec : Pierre Lapointe
Gala de l’industrie
Plus tôt dans la soirée, on s’était rassemblé au Club Soda afin de remettre des récompenses aux artisans qui travaillent surtout dans les coulisses de l’industrie. Claudine Prévost a procédé à la remise des Félix industriels ainsi que de trois Félix artistiques. C’est ainsi qu’on a appris que le Belge Stromae est l’artiste de la francophonie s’étant le plus illustré au Québec. Pour la liste complète des gagnants, cliquez ici.