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Le défilé des amazones

Fever Ray au MTelus

FeverRay

© Louise Enhörning

Par : Maxime D.-Pomerleau

Après un nouvel album lancé en octobre 2017, la suédoise Karin Dreijer Andersson, qui œuvre en solo sous le nom de Fever Ray depuis 2009, revient à Montréal nous présenter le fruit de son plus récent album. Plus agressif que son précédent opus, Plunge s’éloigne des ambiances planantes et fantomatiques qui avaient conféré à Fever Ray son aura de sorcière des temps modernes. Ça crie l’urgence de vivre, à travers une voix synthétique et des rythmes électro pesants. Le concert proposé mercredi au MTelus allait plutôt dans cette voie.

Le spectacle s’est ouvert sur un véritable défilé d’amazones, femmes belles et fortes : les musiciennes accompagnant Fever Ray. Toutes étaient costumées; une sulfureuse Poison Ivy, une aventurière steampunk avec une cape, une choriste gonflée avec son costume de culturiste, l’autre en dominatrice à paillettes. Avec l’interprète principale, elles étaient six à dominer la structure scénique, dont les deux choristes aux voix étrangement similaires à celle de Karin… Le résultat était parfois un peu criard, mais généralement les harmonies amplifiaient l’effet cosmique propre à la voix de l’artiste. Crâne rasé, vêtements blancs et fluo, t-shirt I ♥ swedish girls, Fever Ray a réussi à imposer sa vision de ce que devrait être un show électro divertissant, dès la chanson An Itch, qui faisait le pont entre l’ancienne et la nouvelle Fever Ray. A Part of Us est plus représentative du son de l’album Plunge.

Il semble qu’on ait accéléré le rythme pour intégrer When I Grow Up à la liste de nouvelles chansons. L’ajustement est réussi, car la pièce atteint le niveau de saturation des autres. On sombre dans une transe psychédélique avec les jeux de lumières et on voit à peine s’enchaîner Mustn’t Hurry, This Country, Falling, Wanna Sip… Une chorégraphie ritualiste de genderqueer Batman sur la puissante mélodie de I’m Not Done et on repart dans un tourbillon de beats et de lumières qui spin!

C’est après une heure de concert qui a passé très rapidement que Fever Ray a ralenti le tempo pour la pièce Keep the Street Empty for Me, immense succès de son premier album, entendu dans de nombreuses séries télé et films. C’était ce qui marquait la fin officieuse de la soirée, après 14 chansons, avant d’entamer le rappel avec If I Had a Heart (tirée de son premier album) et de clore avec Mama’s Hand. Une courte prestation, fort colorée, souvent hypnotisante, de l’amazone technoïde Fever Ray.

Texte révisé par : Johanne Mathieu