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Feist, pour notre plus grand plaisir

Concert au Festival international de Jazz de Montréal

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© Victor Diaz Lamich/FIJM

Par : Maxime D.-Pomerleau

L’étoile de la scène indie canadienne revenait enfin au Festival international de Jazz de Montréal, quatre ans après en avoir assuré l’ouverture sur la scène principale en 2013. C’est dans la majestueuse Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts qu’elle nous avait donné rendez-vous. Après une attente interminable depuis la parution de son dernier album en 2011, et avec un premier single en poche, Feist venait présenter les pièces de son nouvel opus, Pleasure.

Rayonnante dans sa robe jaune soleil, Leslie Feist, de son petit nom, s’est plantée au centre de la scène, prenant la place de la chanteuse Charlotte Day Wilson, qui assurait la première partie. Découvrez vite cette Torontoise dont la voix chaude et ronde et le RnB langoureux donnent envie de poigner la cuisse de son voisin. Il faisait du bien de voir deux musiciennes fortes et charismatiques occuper la plus grosse salle de la Place des Arts. Mais de retour à notre favorite. La voix cristalline de Feist a aussitôt empli l’air avec ce petit quelque chose d’unique, ce ton oscillant entre maturité et candeur, qui lui est propre. Il n’y a pas à dire, elle nous avait manqué.

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© Victor Diaz Lamich/FIJM

Avec Metals, la chanteuse amorçait un virage s’éloignant de la pop légère de The Reminder pour plonger dans des arrangements plus sombres et complexes, propices à l’introspection. Sur Pleasure, elle poursuit cette visite de l’intime, comme avec la seconde pièce I Wish I Didn’t Miss You, offerte d’abord dépouillée; Feist seule avec sa guitare, puis s’habillant graduellement des autres instruments : batterie, basse, clavier et même violon. On pourrait se lasser de cette formule de présentation récurrente, mais elle s’avère plutôt efficace pour s’immerger dans les textes avant de recevoir la charge rock en plein corps.

Un mobile statique peu exploité, des panneaux lumineux en arrière-plan et un éventail géant se déployant la première fois durant la poignante Lost Dreams constituaient l’essentiel de la scénographie, simple et épurée. La voix saturée et le reverb de Any Party, de même que les variations rythmiques sur A Man Is not His Song nous ont fait découvrir une Feist rockeuse et audacieuse, qui occupe la scène avec aplomb. On la sentait d’ailleurs beaucoup plus à l’aise qu’il y a quelques années, alors qu’elle multipliait les interventions avec le public, improvisant même plusieurs fois durant ses chansons!

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© Victor Diaz Lamich/FIJM

Avec le blues I’m not Running Away, l’artiste a invité le public à se lever et à danser sur les côtés du parterre, et dans le tout petit espace devant la scène. La moitié du public a aussitôt accepté l’invitation, et le lieu s’est rapidement transformé en mini-piste de danse, pour le slow Young Up, qui rappelait les bals de fin d’année des comédies musicales. Un peu plus d’une heure après le début du spectacle, on avait écoulé au complet et dans l’ordre l’album Pleasure.

Ne demandez pas aux fans de Feist s’ils veulent des chansons vieilles ou récentes, ils vous répondront « Tout! ». C’est néanmoins quelques succès souvenirs que l’auteure-compositrice-interprète nous a offerts, d’abord avec My Moon My Man, tirée de The Reminder, avant de jouer l’entraînante Sealion, qu’on retrouve également sur son second album. On calme quelque peu les ardeurs avec The Bad in Each Other, puis How Come You Never Go There, de Metals, puis I Feel it All et la pièce-titre de Let it Die.

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© Victor Diaz Lamich/FIJM

La moitié du public était debout et scandait pour en avoir plus, malgré une finale plus amortie. Place des Arts aurait connu sa première émeute si la Canadienne n’était pas revenue sur scène faire la classique Mushaboom, offerte cette fois-ci en version acoustique. « This one goes to dreaming. This is how 10 years old sounds like », a déclaré Feist, avant d’entonner l’hymne 1,2,3,4, rejointe par le reste du groupe pour terminer cette soirée en beauté. Un spectacle généreux de deux heures, qui a laissé la Place des Arts enchantée, le public flottant vers la sortie.

#FIJM

Photos : Courtoisie Festival international de Jazz de Montréal / © Victor Diaz Lamich

 

Texte révisé par : Annie Simard