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YES : La quête d’indépendance de Simon Beaudry

Une démarche artistique fascinante 

yes1©Babel Films

Par : Marie-Claude Lessard

Sujet épineux et fort sensible au Québec, l’indépendance d’un pays suscite une certaine obsession chez l’artiste visuel Simon Beaudry qui met la quête identitaire au cœur de sa démarche professionnelle. Armé d’une ceinture fléchée, d’un drapeau bleu unilys et d’un casque en poil de castor avec un panache de chevreuil, il s’est envolé pour l’Écosse pour le fameux référendum ayant eu lieu en 2014. Son périple a été relaté dans le documentaire Yes de Félix Rose et Éric Piccoli maintenant à l’affiche à Montréal.

Impossible de ne pas plonger dans un état de réflexions face aux questionnements et visions que soulève Simon Beaudry. Selon lui, le Québec a peur d’assumer ses symboles (comme la ceinture fléchée) et de s’affirmer comme un peuple à part entière. C’est pourquoi son portfolio regorge de photographies mettant en scène des mannequins portant des lunettes à visibilité restreinte pour signifier le manque de vision du Québec. Ayant comme objectif de faire rayonner la province à l’étranger, Simon se rend en Écosse 15 jours avant le référendum. Grand défendeur du oui, il arpente diverses villes en demandant aux gens d’émettre leurs opinions. Il les incite à voter pour l’indépendance en exposant son art sur des lieux publics. À l’aide de ruban adhésif blanc et de Samuel Bergeron, un Québécois étudiant en Écosse, il écrit sur des murs et panneaux des oui ou des phrases accrocheuses abondant dans ce sens.

yes4©Babel Films

Magnifiquement réalisé, Yes ne réinvente pas le genre du documentaire, mais propose des idées très intéressantes. L’approche plus vox pop du sujet s’éloigne de celle projetant en avant-plan les statistiques. Ce choix demeure ludique tout en esquivant habilement un traitement trop didactique et alourdissant. Le spectateur apprend plusieurs choses et se remet en question sans jamais avoir la sensation de se faire faire la morale peu importe le camp qu’il a choisi. Malheureusement, les 80 minutes de l’oeuvre comprennent plusieurs longueurs que la jolie et puissante trame sonore de Marc Gravel et Karl Marino ne parvient pas à masquer totalement.

Au-delà du côté politique, Yes dresse des parallèles et différences entre les caractéristiques culturelles écossaises et québécoises. Les polices restent très polies et gentilles envers les actions posées par Simon. On ne peut s’empêcher de penser qu’il en serait tout autre à Montréal… De plus, les paysages filmés font saliver et donnent envie de s’organiser un voyage en Écosse.

 

Ce film est à l’affiche depuis le 10 mars à Montréal et à Québec dès le 12 mars.

Note : 3/5

Texte révisé par : Annie Simard