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Tiga survolte No Fantasy Required

Le prince de l’électro en spectacle inédit

Tiga 2 Jeremy Deputat:Red Bull Content Pool

© Jeremy Deputat/Red Bull Content Pool

Par Sébastien Bouthillier

L’allumeur de la nuit Tiga présente No Fantasy Required, son premier spectacle longuement attendu. Titre de son troisième et plus récent album original, lancé ce printemps, une performance inédite combinée à une installation artistique et à des projections lumineuses constituent la formule hybride du party.

Espéré depuis le lancement en 2006 de Sexor, son premier album original, ce spectacle résulte de la collaboration entre le réputé DJ montréalais et son ami finlandais, le producteur Jori Hulkkonen. Le réalisateur Helmi et le collectif voué au design Pfadfinderei se joignent au mystérieux prince de l’électro pour survolter son répertoire, de Sunglasses at Night à Pleasure from the Bass.

Depuis la sortie de Sexor, la faune nocturne attend un spectacle de l’éclectique et iconoclaste Tiga. Oui, un spectacle, plus qu’un simple DJ set. Cet expert en repiquage glacial aux échos futuristes sombres s’est laissé désirer une décennie, ses compilations, ses remixes et ses singles accaparant sa créativité entre ses sets de DJ globe-trotter.

Enfanté par Ziggy Stardust, Prince et David Bowie, le mystère enveloppe le personnage de Sexor, à l’allure androgyne, qu’incarne le DJ. L’apparence sombre et incrédule, mais sexy, devient la tenue correcte exigée pour paraître en afterhours. C’est aussi le look de Tiga, un artiste qui s’enorgueillit de son genre musical indéfini et qui refuse les étiquettes.

D’ailleurs, Tiga ne considère pas qu’il est un réel musicien, car il ignore comment jouer d’un instrument. Le repiquage, l’échantillonnage et le remix sont ses spécialités. Certes, il est DJ, mais aussi producteur, remixeur, auteur-compositeur et, pour certains morceaux chantés ou vocaux, interprète.

« Pour expliquer ce que je fais à des gens normaux, je dirais que mon job, c’est de faire le tour du monde et d’ouvrir mes oreilles », confie Tiga*.

Tiga Jeremy Deputat:Red Bull Content Pool

Grâce à ses parents voyageurs qu’il a suivis jusqu’à l’adolescence, le dubstep britannique et la techno allemande ont jeté ancrage dans ses oreilles. Depeche Mode et Duran Duran l’inspirent aussi. En même temps qu’il émerge du brouillard de la nuit underground pour devenir une icône pop grâce au personnage de Sexor, qui entretient l’incrédulité, Tiga délaisse la techno pour l’électro.

Voilà peut-être pourquoi la presse use d’une pléthore d’épithètes pour qualifier son style : électro, électroclash, électropop, pop, pop synthétique, new wave, retro glam… Qu’importe l’appellation si l’intuition musicale de Tiga se maintient autant que l’illusion théâtrale de son personnage. En 2009, il s’est momentanément éloigné de l’underground avec son second album original, Ciao, électro à l’accent pop.

Le 27 mars 1993, Tiga James Sontag a 18 ans. Il organise le premier rave à Montréal. Revenu dans la métropole depuis peu, la scène musicale européenne lui manque. L’année suivante, il fonde le magasin DNA. Il ouvre le Sona, premier afterhours de la ville, en 1996. Deux ans plus tard, l’homme d’affaires crée les disques Turbo, dont les Montréal Mix Sessions s’avèrent des pièces de collection. Selon lui, Tiga doit son succès à la vente du Sona, qui lui a permis de se consacrer à la musique, et à la popularité de Mixed Emotions et de Sunglasses at Night, qui s’est répandue à la vitesse du son. Quand le courant passe avec l’électro!

No Fantasy Required, le 27 octobre au Théâtre Berri dans le cadre du Montréal Red Bull Music Academy.

 

*Marie Allard, Ving-quatre heures dans la vie de Tiga, La Presse, p. B7, 8 août 2012.

Crédit photo : Jeremy Deputat/Red Bull Content Pool

Texte révisé par : Marie-Eve Brisebois