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Tapis rouge du 40e gala de l’ADISQ : entrevues

 Les artistes fiers de leurs produits québécois

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© Martial Genest/MatTv.ca

Par : Marie Eve Archambault

Cette semaine, l’ADISQ a soulevé son inquiétude par rapport à l’industrie de la musique et à la chanson québécoise. J’ai donc demandé aux artistes présents sur le tapis rouge de la 40e édition ce qu’ils en pensaient.

D’ailleurs, nous sommes dans l’ère des collaborations. Tranquillement, le Québec décide de s’unir pour faire de belles collaborations. Qui sait, on aura peut-être de futures collaborations énumérées ci-dessous qui verront réellement le jour, aussi inusitées soient-elles!

L’ADISQ s’est dit inquiète de l’avenir de la chanson québécoise. Qu’en pensez-vous?

Geneviève Leclerc  

« Je pense qu’on est tous inquiets. C’est un vent de renouveau. Il faut s’adapter. Il faut changer la façon de voir les choses. On n’a jamais consommé autant de musique qu’en ce moment. Donc, il faut seulement s’assurer de redistribuer ça adéquatement pour les artistes pour ne pas qu’ils se découragent de produire du contenu parce que sinon, c’est malheureusement ce qui risque d’arriver. Ce serait dommage parce qu’on n’en a jamais autant consommé. Il faut juste faire l’équation. Moi, j’ai de l’espoir là-dedans. Il y a des gens qui font ça à la journée longue. Moi, je laisse ça à eux autres. »

King Melrose

« Je ne me sens pas inquiet, puisque j’essaie de toujours me renouveler de différentes façons. C’est une différente façon d’approcher la musique. C’est ce que j’essaie de faire toujours avec toute ma gang qui m’entoure : Philippe Gendron et Sylvain Michel. Réinventez-vous. C’est tout ce que je peux dire. Je souhaite aussi à l’ADISQ de pouvoir se réinventer au travers de tout cela. »

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Wilfred Lebouthillier 

Annie Villeneuve

« Continuons de créer de la bonne musique québécoise. Voyons grand. Voyons international. Voyons ce qui ce fait à l’extérieur. Soyons inspirés. N’ayons pas peur d’essayer des choses de partout dans le monde. Dépassons les frontières, brisons les barrières parce qu’il n’en n’existe plus, je crois. »

Sophie Pelletier

« On a tellement de talents au Québec, et on a beaucoup de gens passionnés. Si on installe les structures adéquates pour que les gens gagnent bien leur vie, j’en fais partie, je n’ai aucune inquiétude. Après, il faut prendre les moyens. Il faut arrêter d’en parler. »

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Corneille

Matt Lang

« La musique québécoise va toujours rester. Moi, je suis parti sur un côté anglophone, mais j’adore la musique québécoise. C’est ce qui a bâti ce que je suis en train de faire. Je me suis inspiré des plus grands au Québec. Je ne pense pas que c’est en train de s’éteindre. Au contraire, on a de très bons artistes. Félicitations à la gang qui fait de la musique en français. »

Sara Dufour

« Je pense qu’on continue à rouler notre bosse dans la chanson québécoise. Moi, je suis fière de chanter en français. C’est comme cela que je m’exprime dans la vie de tous les jours. Je pense que ça va bien aller. Il faut continuer et il faut que les radios jouent nos chansons de plus en plus. »

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Émile Bilodeau

Rémi Chassé

« Je ne sens pas l’inquiétude. L’inquiétude… Peut-être lorsqu’on parle de ventes d’albums, mais l’inquiétude concernant la relève, il n’y en a aucune. Au contraire, je la trouve forte, je la trouve belle. On la voit particulièrement au gala. Les jeunes écrivent plus en français qu’ils écrivaient il y a de cela 5 ans. Je trouve qu’on est sur un bel air d’aller. »

May Wells

« Je crois que c’est bien de s’attarder sur la langue, mais qu’il serait aussi bien de se concentrer sur le contenu de ce qui vient du Québec. C’est vraiment important de mettre les artistes d’ici sur la carte. J’opterais plus sur un contenu québécois-canadien et à l’intérieur de cela, on pourrait prendre un certain pourcentage. Il y a beaucoup d’artistes partout dans le monde. Si l’on veut être fort pour la communauté québécoise, je pense qu’il faut être plus inclusif avec tout le monde. »

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Yoan

« Je crois qu’on voit tous l’industrie de la musique décliner. Je crois que c’est important de se tenir debout et de ne surtout pas lâcher le morceau pour ce qui est du côté québécois. On a une belle langue. Elle est riche. Elle mérite d’être chantée et il ne faut pas lâcher cela. Je comprends que la musique anglophone prenne beaucoup de place. Par la force des choses, ça devrait se placer. Il faut être sévère là-dedans. J’ai été élevé avec sévérité et ça classe bien les choses. »

Paul Daraîche

« Je trouve que l’ADISQ va bien et la musique québécoise aussi. Ça fait 40 ans cette année. On avait gagné le premier, il y a 40 ans, ma sœur Julie et moi, et 40 ans plus tard, on est encore ici. La musique est en santé. Ça va bien. »

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Isabelle Boulay

« Je pense qu’on est tous inquiets pour l’avenir de la chanson en général. On ne peut pas être en désaccord avec cela. Moi, je ne suis pas inquiète par rapport à la créativité des gens, mais je suis inquiète par rapport au moyen de diffusion. Je suis inquiète aussi parce pour les gens qui font de la chanson, qui ont déjà de la difficulté à en vivre, et ils n’arrivent plus à en vivre, ils n’auront plus envie d’en faire. Et si on perd la chanson dans une culture, on perd quelque chose de vital. On perd une aorte principale. »

Yann Perreau

« Je ne m’inquiète pas de la chanson. Je m’inquiète de l’industrie. La chanson, le talent et la création, je ne m’inquiète pas du tout. On mérite mieux par rapport à nos redevances et par rapport au respect de nos droits. Je pense qu’on est en train de trouver des solutions. Je reste plein d’espoir. Je pense qu’il y a pleins de gens concernés. Le combat va bien se mener. »

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Judi Richards

« C’est inquiétant, mais il faut que tout change. Tout est rendu gratuit ou ça n’a pas de valeur. Nos artistes qui composent et qui écrivent des chansons, ça peut prendre des mois et des mois. Au final, ça vaut 5 cents. Notre musique est fabuleuse. Et j’espère que nos artistes vont recevoir sa reconnaissance qu’elle mérite et qu’ils recevront l’argent que leur travail vaut. »

Émile Proulx-Cloutier

« Il y a matière à être inquiet. Le plus difficile, ce n’est pas de faire de la musique intéressante. Ce qui est difficile, c’est de faire de la musique intéressante qui se rendra aux oreilles du public qui sera potentiellement intéressé. Ça, ça fait partie du rôle des radios, des écoles et même des parents d’intéresser les jeunes à ça. Faire circuler des œuvres, c’est un immense défi alors oui, je suis inquiet, mais il y a une façon de faire avancer les choses quand même. »

Nous sommes dans l’ère des collaborations. Avec qui aimeriez-vous collaborer?

King Melrose

« Surtout avec Christophe Maé. Je fais sa première partie. J’aimerais collaborer avec lui au niveau des textes. Sinon, on essaie d’ouvrir des portes en France, donc j’essaie d’aller me chercher des ailiers là-bas. »

Annie Villeneuve

« Moi, j’aime toujours collaborer avec Marc Dupré.C’est sûr que c’est un chouchou pour moi. Céline Dion, si elle est disponible, n’importe quand. C’est un grand rêve pour moi. »

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Geneviève Leclerc

« Moi, je viens du théâtre musical. Le théâtre musical, c’est toujours une collaboration. On parle d’au moins 10 personnes minimum sur un stage. Lorsqu’on parle d’une collaboration, c’est ça, ma vie.

Je dis cela de même, mais avec un rappeur… Ce que je fais, très contemporain, classique avec du violon. Moi, je dis que ce serait intéressant une version de rap ou un contre-chant. Mais c’est certain que si tu me donnes le choix, un duo avec Isabelle Boulay ne serait pas mal non plus. Un duo avec Hubert Lenoir pourrait être quelque chose de bien le fun aussi! J’ai pleins d’options! Mets-moi avec Kaïn et je serais très contente aussi! »

Brandon Migg

« Si je peux collaborer avec Marc Dupré, j’aimerais ça! Ça serait trop le fun! Nous avons les mêmes intérêts pour la musique. Je sais qu’il aime beaucoup Coldplay et c’est un groupe que j’aimais beaucoup quand j’étais jeune. Donc, si on pouvait faire une chanson comme cela, ce serait parfait. »

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Sophie Pelletier

« Je suis une fille d’équipe. Il y a pleins d’artistes avec lesquels j’aimerais collaborer. Ce soir, mes coups de cœur vont à Patrice Michaud, Charlotte Cardin, Cœur de pirate… Il y a pleins d’artistes avec qui j’aimerais collaborer sérieusement. »

Sara Dufour

« Moi, je suis très chanceuse, puisque mon prochain album, mon deuxième, que je suis en train de terminer pour sa sortie en 2019, j’ai eu la chance de collaborer avec Jean-Philippe Tremblay qui est le chanteur de Québec Redneck Bluegrass Project. Il m’a écrit une chanson, et pour moi, c’est une très belle collaboration. »

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Matt Lang 

« Honnêtement, je ne le sais pas. J’ai tellement d’amis dans l’industrie. J’ai fait de la scène avec David Jalbert et 2Frères. Je ne sais pas quoi répondre. Je vais dire Mario Pelchat.Je trouve qu’il a une belle voix. Il a une voix quand même assez basse. En plus, il fait du bon vin. C’est un bon match (rires). »

Yoan

« Tom Jones. Je suis fan de Tom Jones. Je trouve qu’il a une technique vocale incroyable. Il maîtrise complètement la musique. Il a de la technique vocale. C’est un excellent interprète. J’aimerais ça. Ça risque de coûter cher, mais j’aimerais vraiment ça. »

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Paul Daraîche

« J’ai tellement fait de collaborations. Mais j’en encore pleins de rêves. Il y a pleins de gens avec qui je n’ai pas collaboré encore. »

May Wells

Charlotte Cardin. Elle a une bonne musicalité. 2Frères et Émile Bilodeau. J’aime beaucoup le côté festif dans leur musique. Je pense que ce serait intéressant comme collaboration. »

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Rémi Chassé

« C’est difficile parce que j’ai toujours voulu collaborer avec une fille, mais souvent on me dit que j’ai un registre de filles. Donc, je ne sais pas quoi faire. »

Yann Perreau

« Je collabore beaucoup. Je collabore tout le temps. Sérieusement, il ne doit pas y avoir grand monde que je n’ai pas encore collaboré ici. »

Et finalement, un petit mot du premier ministre…

Justin Trudeau

« Je trouve cela désolant d’apprendre que je suis le premier des premiers ministres. Je veux souligner l’importance de la culture. Quand nous étions en discussions concernant l’exemption culturelle, eux le voyaient dans un plan économique. Pour nous, ce n’est pas seulement économique, mais c’est identitaire. Alors non, il n’y aura pas un nouvel ALENA s’il n’y a pas l’exemption culturelle, y compris le numérique qui s’en vient. Ils ont compris ça. On a pu protéger notre culture. On veut appuyer nos artistes, nos créateurs et nos médias. On ne peut pas avoir une démocratie forte sans journalistes, sans médias. »

Crédit photo : © Martial Genest/MatTv.ca

Texte révisé par : Johanne Mathieu