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Soirée triple francoplanante

Monogrenade, Baden Baden et Antoine Chance aux Francofolies

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©Photo officielle

par Mélissa Thibodeau

J’ai vécu une soirée de triple plaisir musical samedi dernier, à l’Astral, en compagnie d’Antoine Chance, Baden Baden et Monogrenade. Ces trois ensembles étaient rassemblés sur la même scène dans le cadre d’une tournée des Francofolies. Les mêmes artistes se manifesteront également aux Francofolies de Spa (Belgique) et de La Rochelle (France). Une soirée planante et haute en intensité.

Antoine Chance a parti le bal, représentant fièrement la Belgique. C’est la première fois qu’il se produit au Québec. La température n’était pas nécessairement de son côté : il avait présenté un concert extérieur la soirée précédente sous la pluie et, samedi, alors qu’il faisait un temps merveilleux, il était à l’intérieur. Mais peu importe, accompagné de ses musiciens Geoffrey Hautvas à la basse et Yannick Dupont à la batterie, Antoine a tout de même semblé bien se plaire ici.

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©Dominique Viau

La nouvelle sensation pop belge est un multi-instrumentiste qui passe de la guitare aux claviers de façon fluide et ce, parfois dans la même chanson. Sympathique et taquin personnage, il était très à l’aise à animer les âmes du public. Celles-ci se sont bien amusées à chantonner des airs avec lui : « Je préfère parader en enfer, que de m’en faire au paradis ». Sa pop à la fois philosophique et accessible a le potentiel de se retrouver sur les radios québécoises. À suivre…

Baden Baden a peut-être le nom d’une ville allemande, mais il nous arrive tout droit de l’Hexagone, de Paris, pour être plus exact. Le groupe nous a présenté une œuvre aux tonalités plus anglo-saxonnes. Si on veut faire dans le jeu des comparaisons, il y a de fortes similarités avec Malajube, Arcade Fire et on ressent la présence de Radiohead dans leurs inspirations.

Baden Baden est à la base un trio avec Eric Javelle (voix, guitares, programmation, parolier), Julien Lardé (chœur, guitare, programmation) et Gabriel Vigne (batterie). Le groupe s’est greffé de deux autres musiciens pour leur premier séjour en Amérique : Jérôme Arrighi (basse) et Arno de Casavone (claviériste).

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©Dominique Viau

Tout de noirs vêtus, la formation a exécuté une indé-pop intense en continu avec très peu d’animation entre les chansons, question de ne pas trop brusquer le fil conducteur. Eric Javelle chante à propos de passions amoureuses, de délires urbains et le désir de s’évader de ceux-ci. Leur indié-pop-rock est à la fois mélancolique, langoureuse, atmosphérique, dynamique.  J’ai accroché du début à la fin. J’ai à peine pris des notes en fait. Au plaisir de les revoir bientôt en ville.

Le genre proposé par Baden Baden précédait merveilleusement la pop orchestrale de Monogrenade. Le groupe a pris son temps pour s’installer (10 musiciens sur scène, ça prend du temps à mettre en place), mais l’attente pour ma première expérience Monogrenade n’aura pas été vaine.

J’ai l’impression d’avoir voyagé à travers l’espace et dans d’autres univers parallèles. Avec un support visuel tiré de classiques cinématographiques en noir et blanc, la musique de Monogrenade était tout simplement somptueuse. Je me demande si j’ai pris le temps de cligner des yeux tellement le concert présenté était un cadeau à la fois pour les oreilles et les yeux.

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©Dominique Viau

Au centre, le chanteur-claviériste-guitariste Jean-Michel Pigeon entouré de ses acolytes habituels François Lessard à la basse, Julie Boivin au violon, Marianne Houle au violoncelle et Mathieu Collette à la batterie. Parce qu’une formation de six n’était pas assez, on a invité Ingrid Wissink et Frédérique Tanguay-Gagnon pour compléter la section à corde. Erla Axelsdottir (cor français), Andrew King (trompette) et Pietro Amato (cor français) formaient la section des cuivres.

L’orchestre nous a fait naviguer de la space-pop au hip-hop en passant par la musique de films. J’ai été joyeusement étourdie par l’intermède à cordes offerte sur des extraits du film Metropolis de Fritz Lang. La portion « hip-hop » de la soirée m’a fait groover sur mon siège.  En rappel, la troupe a peint une version de Je t’emmène au vent popularisée en 1997 par Louise Attaque. Cet essai leur a valu une ovation. Loin de la frénésie de l’originale, leur reprise était ralentie, aérée, mais oh que belle !

Les notes que j’ai tenté de prendre s’avèrent un peu inutiles pour la rédaction de cet article : beau… booyah le drummer frappe fort…  Cela étant dit, j’ai été laissée à fleur de peau. Lorsque je suis témoin de la passion que dégagent les musiciens sur la scène, je comprends pourquoi certains acceptent de vivre tout simplement de leur art.

Plusieurs affirment que Monogrenade est le groupe rock québécois du moment. Je n’ai pas d’arguments assez pertinents pour les contredire. J’ai juste hâte à leur prochain show.

Images de la galerie : ©Dominique Viau