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Queue cerise

Ce qui échappe à la conscience

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©David Ospina

Par Sébastien Bouthillier

Michelle débute son nouveau travail.  Mais elle n’y comprend rien.  Aucun de ses collègues ne l’aide.  La femme commence alors une relation avec le sous-sol du bureau.  Il s’agit d’une relation secrète, bien entendu.  Elle avait pourtant été avisée de se méfier de cet espace lugubre, mais envoûtant.  Sa relation avec le sous-sol métamorphosera Michelle, dont le corps ne sera plus le même.  Le monde autour d’elle non plus d’ailleurs.

Ainsi, Queue cerise ressemble à un hybride entre la pièce québécoise absurde Les voisins et les scénarios étranges de David Lynch. À travers Michelle, le spectateur assiste au retour du refoulé.  C’est à une libération de mots et d’images vers la conscience qu’il est témoin.

Cocréatrice de la pièce avec Olivier Morin, Amélie Dallaire a répondu aux questions de MatTv.ca quelques jours avant la première : « Queue cerise tente de capter ce qui est souterrain à tous nos actes, paroles, choix, etc. D’après le psychiatre Carl Jung, que j’ai lu et apprécié, tous nos actes sont à la base inconscients, c’est seulement par après qu’on peut leur donner un sens. »

« Par exemple, lorsque notre esprit est occupé à une tâche concrète et prenante, on n’est pas en train de se demander qu’est-ce qui nous anime au plus profond de nous-même », ajoute celle qui joue aussi dans la pièce.

La pièce s’inspire de son inconscient, nous confie la comédienne : « Dans ma démarche d’écriture, j’ai tenté de puiser à même mes propres névroses, fantasmes et peurs pour en extraire une matière que je pourrais transformer à ma guise. »

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Selon la diplômée du Conservatoire d’art dramatique, c’est ce qui rend le théâtre pertinent.  « Les non-dits, ce qui échappe aux personnages, mais que le public devine, ce qui se passe entre deux personnes et qui n’est pas dévoilé par le dialogue. Ce qui est drôle là-dedans je trouve, c’est que ça peut rendre les personnages très vulnérables et dans le cas de Queue cerise, c’est que Michelle, le personnage central, est très refoulée justement et elle est souvent mise à nu », révèle Amélie Dallaire.

Enfin, on lui demande comment s’est déroulé le processus d’écriture avec Olivier Morin puisqu’elle puise dans son intimité, sa psyché. « Notre complicité repose sur une complémentarité artistique qui dépasse le cadre théâtral.  Nos goûts – que ce soit en arts visuels, en musique, en littérature ou en cinéma – nous alimentent l’un et l’autre et stimulent notre vision sur la création et sur la vie », témoigne l’actrice qu’on a vue dans les films 3 saisons et Laurentie.

Amélie Dallaire et Olivier Morin avec Ève Duranceau, Karine Gonthier-Hyndman et Julien Storini.

Jusqu’au 13 février au Théâtre d’Aujourd’hui

Crédit photo : David Ospina