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Molière, Shakespeare et moi : incisif et hilarant

Ville-Marie racontée autrement

6©François Laplante Delagrave

Par : Marie-Christine Jeanty

Dès les premières répliques, le ton était donné. Nous n’avons jamais, ou presque, cessé de nous bidonner au cours de cette pièce au filtre pseudo-historique (pour en paraphraser le tandem derrière la pièce). Molière, Shakespeare et Moi est l’aboutissement ultime d’une commande très spécifique du commissaire du 375e anniversaire de Montréal, Gilbert Rozon à la Directrice du Rideau Vert, Denise Filiatrault. Celle-ci, selon l’auteur, après avoir essuyé plusieurs refus, s’est donc tournée vers l’auteur Emmanuel Reichenbach qui a signé les adaptations théâtrales des Intouchables et de Qu’est-ce Qu’on a fait au Bon Dieu?. Celui-ci s’est associé à son grand complice, le metteur en scène Claude Dauphinais. Nous devons entre autre au tandem la pièce Sorel-Tracy.

Le résultat est une pièce alliant divers genres théâtraux doublés d’anachronismes placés là volontairement pour le plus grand divertissement du public. En effet, raconter l’histoire de Ville-Marie, a été un prétexte pour mêler les figures de pouvoirs, les grandes trahisons shakespeariennes à l’humour plus bon enfant de Molière. Le spectateur est donc convié à un récit des plus déjantés qui frôle les limites dangereusement et qu’il ne faut surtout pas prendre au premier degré. Les références aux problèmes actuels que connait la ville sont délicieusement évoquées.

moliere1©François Laplante Delagrave

Alors la pièce se déroule autour d’une commande dans le cadre du 115e anniversaire de Ville-Marie. Thomas Beaubien (Simon Beaulé-Bulman), un auteur névrosé, encouragé par les visions de Molière (René Rousseau) et William Shakespeare (Philippe Robert), présente au Seigneur (Roger La Rue) un bien-cuit décriant la gestion autocratique et arbitraire de Ville-Marie. Contre toute attente, la pièce déclenche une révolte  chez le peuple et la tête de l’auteur sera mise à prix. L’appât du gain pousse le meilleur ami de Thomas (Mathieu Quesnel) et la tenancière d’un bordel Henriette (Anne-Elisabeth Bossé) à le piéger. C’étant sans savoir que la belle Amérindienne (Chloé Barshee) les surveillait de près.

Les costumes ici signés Cynthia Gervais alliés aux décors de Loïc Lacroix-Hay viennent en appui à la dynamique mise en scène. Le spectateur ne s’essouffle jamais. Les acteurs semblent prendre un tel plaisir à jouer que c’est du bonbon pour les spectateurs. Une comédie dont les répliques peuvent parfois faire grincer certes, mais dont la légèreté est nécessaire! La pièce est présentée jusqu’au 22 juillet.

Texte révisé par: Nabila Chabane