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Melody Gardot au Festival de Jazz 2016

Les douces caresses de la dame en noir

melody3 ©Denis Alix, FIJM

Par : Marie-Claude Lessard

S’étant produites pendant deux soirées consécutives à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts, dans le cadre de la 37e édition du Festival International de Jazz de Montréal, les américaines Melody Gardot et Lisa Simone ont offert un succulent spectacle où régnaient la grâce, le style et un irrésistible abandon musical.

En première partie, la fille de Nina Simone a enflammé le public par ses rythme du monde endiablés et sa voix chaude capable d’atteindre toute la gamme de notes. Venue présenter l’album My world, la chanteuse de 53 ans a accordé une immense place à ses musiciens (deux guitaristes et un percussionniste), qui sont arrivés sur scène tour à tour. Elle s’amusait avec eux, se laissant emporter par les mélodies et l’écoute attentive des spectateurs. S’adressant à ces derniers dans un français irréprochable, elle a demandé à la blague, elle était la fille de qui ? avant d’enchaîner avec un grand succès de sa mère, Ain’t got no, I got life. Après l’excellente Expectations qui a mis en valeur son registre vocal soul, Lisa s’est assise en indien, et a invité le public à fermer les yeux pour se créer une bulle de paix au son de la magnifique My world; ce qui a donné lieu à un touchant moment de sérénité. Sur Unconditionally, qui a clos sa prestation, elle s’est déplacée pour saluer chaque rangée du parterre, démontrant ainsi son immense générosité et proximité. La foule, complètement séduite, a offert une bruyante ovation qui s’est soldée par un rappel, fait plutôt rare lors d’une première partie.

lisa1©Victor Diaz Lamich, FIJM

Après l’énergie contagieuse de Lisa Simone, place à la sensualité envoûtante de Melody Gardot. Pour la tournée entourant la promotion de son quatrième album, The Currency of Man, paru en 2015, Gardot et son band ont proposé un savoureux mélange de smooth jazz et de blues parsemés de trépidants solos. Élégante et mystérieuse dans son pantalon de cuir et sa chemise de la même couleur, l’interprète de 31 ans, qui a enfoui ses somptueux cheveux blonds bouclés sous un impressionnant chapeau, respirait la féminité avec ses talons aiguilles et son rouge à lèvres écarlate lui donnant des airs de Brigitte Bardot.

Ouvrant le spectacle avec les percutantes Same to you et Bad News, Melody Gardot, qui s’est exprimé dans un divertissant franglais, Melody Gardot a immédiatement démontré une parfaite maîtrise de sa sonorité et de sa voix. Son répertoire, riche en textures musicales variées (cuivres, saxophone et trompette se mariaient à merveille), a plongé le public dans une atmosphère apaisante et enivrante, particulièrement lors de l’accrocheuse Who will comfort me ? Impossible de ne pas succomber aux moments de gloire de chaque musicien, spécialement celui du saxophoniste qui a joué un solo avec deux saxophones dans la bouche ! Les nombreux, et parfois trop longs intermèdes musicaux dans les chansons, ont prouvé la grande polyvalence de Gardot, qui s’éclatait tantôt à la guitare électrique, tantôt au piano. Par contre, la puissance des instruments enterrait la voix douce de la chanteuse originaire du New Jersey. C’est lorsqu’elle a opté pour la simplicité que l’interprète a le mieux communiqué sa passion pour le jazz, notamment sur les enveloppantes Les étoiles, Morning Sun et Baby, I’m a fool.

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©Denis Alix, FIJM

Humble comme à son habitude, Melody a accepté les applaudissements généreux de la foule sur le côté de la scène, donnant le crédit à ses musiciens. Lors de son retour pour le rappel (chanson sélectionnée par le public), elle s’est attristée du départ prématuré de Lisa Simone, ne pouvant ainsi s’adonner à un duo improvisé. Certes, cela aurait été fort agréable, mais les spectateurs n’ont past été en reste avec le blues salvateur de l’excellente Preacherman qui a rassemblé la foule pendant 10 minutes !

Bref, Lisa Simone et Melody Gardot ont séduit les mélomanes montréalais avec une grande classe, une féminité assumée et un parfait contrôle de leur art.

Texte révisé par : Louise Bonneau