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Martin Perizzolo, l’humoriste cérébral grand public

Première médiatique du spectacle Nous

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© Site officiel

Par : Maxime D.-Pomerleau

 

Martin Perizzolo ne fait rien comme les autres. Bien des humoristes lancent leur tout premier spectacle à peine sortis de l’École nationale de l’humour, mais lui a décidé de prendre 22 ans pour se lancer en solo. Les premiers one (wo)man shows prennent souvent la forme de « bilan de vie », piège évité par Perizzolo, qui y va surtout d’observations critiques sur notre société et notre style de vie.

Exit! les sujets surexploités en humour : le sexe, les relations homme-femme, la job, Facebook… Et s’il parle des autres, c’est parce qu’ils font partie de Nous, et qu’au final, on se retrouve dans beaucoup d’anecdotes racontées par l’humoriste et comédien. Il commence d’ailleurs par un numéro sur sa participation à la télé-réalité Expédition extrême, dont le pétage de coche l’a rendu célèbre sur les zinternets. Une douce vengeance que ce numéro behind the scene hilarant pour démarrer le spectacle.

On vogue ensuite d’anecdotes en questionnements, sans y voir un fil directeur clair. Il aborde autant des sujets d’actualité; le consentement pour les nuls, Tinder expliqué aux vieux, que son expérience traumatisante d’extraction de dents de sagesse (mon voisin de siège m’a raconté que c’était exactement comme ça que ça s’était passé pour lui) et son achat avorté d’une nouvelle télé. Ses réflexions sur la consommation et ses impacts sur l’environnement mettent en relief les tares de l’humanité, auxquelles nous contribuons, souvent malgré nous. Cela pourrait avoir pour effet de nous rendre encore plus cyniques, mais le segment agit comme une thérapie collective. Dans ce spectacle, les fous rires à se taper sur les cuisses cèdent la place aux sourires mentaux, suivant son humour cérébral. Attention toutefois, comme la salade mesclun, certains thèmes sont forts, mais d’autres risquent de se périmer plus rapidement!

L’indie rockstar de l’humour québécois a l’audace d’exploiter les malaises sous plusieurs formes, osant aborder le tabou de la fausse laide lors d’une impro avec le public, ou faisant un parallèle avec le rinçage d’un fruit enduit de pesticides, à celui d’une femme battue portant un casque de vélo. Le public oscille joyeusement entre rire et grincement de dents.

Perizz a été chaudement accueilli au Théâtre Maisonneuve, devant une foule d’amis et de collaborateurs, expliquant peut-être sa grande aisance sur scène, frôlant le relâchement. Le spectacle gagnerait à être resserré; soit dans le delivery, soit dans les longues pauses entre les thèmes, qui étirent le show jusqu’à 1 h 45. Plusieurs punchs sont prévisibles, et le processus, s’il vise à mettre l’accent sur l’absurde ou le cocasse de la situation, se confond avec la facilité.

Sur le fond, Martin Perizzolo se démarque sur l’intelligence de ses propos, qui se tiennent loin des clichés et des stéréotypes qui minent l’humour grand public. Espérons qu’il reçoive d’aussi grandes marques d’affection ailleurs au Québec, car peu importe le personnage qu’il incarne, Poudy, Benoît ou Jean-François, c’est sous Martin que Perizzolo se déploie le plus.

Texte révisé par : Johanne Mathieu