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L’espace qui nous sépare

Houston, on a quelques problèmes

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Par : Marie-Claude Lessard

L’espace fascine les cinéastes depuis des lustres. Les récents succès connus par Gravity, The Martian et les productions modernes de Star Wars et Star Trek ont accru la popularité de ce thème qui ne se retrouve plus maintenant uniquement au cœur d’une œuvre de science-fiction, comme en témoigne The space between us (L’espace qui nous sépare en version française).  À l’affiche dès aujourd’hui, cette romance inoffensive pour adolescents divertit malgré de flagrants problèmes scénaristiques.

Obsédé par l’idée de vivre sur Mars, Nathaniel Shepherd (Gary Oldman), après de dures années de labeur, finance et met sur pied une mission permettant à des astronautes d’habiter sur la planète rouge pendant quatre printemps. Or, il n’avait pas prévu la grossesse de la capitaine, Sarah Elliot (Janet Montgomery). Né et élevé dans le plus grand secret sur Mars pendant plus de 16 ans, Gardner Elliot (Asa Butterfield) a enfin la chance de visiter la Terre pour se soumettre à des tests de santé rigoureux. Brillant, le jeune homme s’enfuit de la NASA pour retrouver Tulsa (Britt Robertson), une fille vivant dans une famille d’accueil avec qui il communique régulièrement sur Skype. Ensemble, ils partent à la recherche du père de Gardner, mais le temps presse, Gardner ayant de la difficulté à supporter sur une longue période la gravité terrestre.

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Le script d’Allan Leob se complait dans la prévisibilité au lieu d’exploiter le plein potentiel de l’alléchante prémisse de base. Pourtant, des titres tels que Paper Towns (La face cachée de Margo) et Edge of seventeen (17 ans sérieusement, issu d’ailleurs de VVS, le même studio derrière L’espace qui nous sépare), ont démontré que des objets cinématographiques destinés aux ados ne doivent pas automatiquement sombrer dans la facilité pour susciter l’intérêt . Dommage que l’œuvre escamote les thèmes de l’identité, de la comparaison et de l’envie pour se concentrer sur une idylle plus ou moins convaincante et pertinente heureusement bien livrée par Butterfield et Robertson.

La peur d’oser sortir des sentiers battus se fait ressentir du début à la fin. Désireux de plaire et craintif d’ennuyer avec des réflexions existentielles, le film mêle maladroitement le road trip, les premiers ébats amoureux et les revirements surprenants, mais fades sans jamais trouver sa véritable voie. Exécutées paresseusement, les intrigues manquent de cohésion et infantilisent. En évitant d’aborder l’enfance atypique de Gardner grâce à un frustrant saut dans le temps, The space between us déçoit amèrement les spectateurs qui avaient hâte d’assister au fonctionnement de la vie spatiale. Il est tout aussi difficile de pardonner ces failles narratives que le jeu grotesque du grand Gary Oldman qui s’époumone inutilement lors de chacune de ses répliques. Une chance que les scènes clichées et ridicules bénéficient d’un traitement musical accrocheur. Les compositions sensuelles d’Ingrid Michaelson, la mélancolie de James Bay et les arrangements orchestraux planants d’Andrew Lockington séduisent l’oreille.

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Bref, on repassera pour la fable touchante et actuelle sur la tolérance et le sort de l’humanité. The Space between us comporte de bons moments mais, puisqu’il ne s’attarde pas sur les aspects originaux et audacieux de sa ligne directrice, il demeure dans une légèreté plutôt décevante que les spectateurs auront oublié dans les quelques heures suivant le visionnement.

Note : 2,5/5

Ce film est à l’affiche depuis le 3 février 2017.

Texte révisé par : Ho-Chi Tsui