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Les Francofolies sont lancées!

Place au rap québ

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©Martial Genest/MatTv.ca

Par Mélissa Thibodeau

Les Francofolies étaient propulsées jeudi soir avec les rythmes et la poésie de Brown, Alaclair Ensemble, Dead Obies et Loud Lary Ajust. Décrit par certains comme un «pari risqué» ou «audacieux», on avait fait appel à de forts représentants de la scène hip hop québécoise afin d’ouvrir ces 28e Francofolies. Pourtant, les programmateurs des Francofolies avaient en main des ingrédients de choix et la recette en fut des plus réussies. Ce n’est pas la pluie ni même le froid d’automne qui aura ralenti l’enthousiasme du public qui était agrémenté des performances du DJ Manifest lors des transitions entre les sets.

Brown 

Il y avait quelque chose de tout à fait touchant dans la performance de Brown, dont j’ai réussi à attraper un quart du spectacle. Le roots reggae paternel s’équilibrait avec le hip hop des fistons. Les frères Greg «Snail Kid» Beaudin-Kerr (Dead Obies), David «Jam» Beaudin-Kerr (K6A) et de leur père Robin Kerr tripent musique en famille. C’était honnête, sympathique, ça avait de la soul. Le trio a interprété des extraits de leur 1er album homonyme lancé en janvier dernier dont le populaire Brown Baby, qui a entraîné la foule à chanter les éloges de la peau brune. On a terminé sur l’approprié Parapluie. Quelques gouttes de pluie tombaient, mais cela ne semble aucunement troublé la masse.

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©Benoît Rousseau / Spectra

Alaclair Ensemble

Une bande de fous, Eman, Ogden, Maybe Watson, Ken-Lo, Mash sont entrés en trombe après que Vlooper ait pris place derrière la table tournante. Le groupe n’a pas niaisé, une fois les pieds frappant la scène, on défie le public : «tu penses que tu sais ça toi le step?». Nous n’avons pas le choix, on embarque dans le jeu de ces post-rigodonistes bas-canadiens.

Le dernier membre, Claude Bégin, est finalement accueilli sur scène non sans avoir tout d’abord l’avoir accueilli comme un Moïse séparant les eaux de ce bain de foule. Un moment «épique», cérémonial qui s’est culminé pour moi avec l’enthousiasme contagieux de ma voisine de spectacle qui n’en revenait pas une fois Bégin rendu sur scène : «Y’a pas une couette, y’a une tresse française!» Que voulez-vous, lorsque tu es le «plus bel homme du Québec», tu peux t’en permettre des figures de style.

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Alaclair Ensemble, dont les membres se trouvent à la fois à Montréal et Québec, joue avec une digne irrévérence qui démontre une autre façon d’être fier de sa culture. Rigolant au passage des débats linguistiques sur le fait «franglais» de cette ouverture Francofolle, le groupe est éloquent sans se prendre trop au sérieux : «Quand j’écris des diss, c’est en français. Quand je roule des spliffs c’est en français…»

En plus d’offrir des extraits de leur prochain opus qui verra le jour le 2 septembre, ainsi que de leurs précédents 4,99 $, Les Maigres blancs d’Amérique et Toute est possible, on a également repris Tassez-vous de d’là des Colocs. Un moment tout particulièrement fort de leur set. On a pris le temps de faire passer un message d’intérêt public : «Si vous êtes obligés de prendre de la drogue, prenez-en pas de la grosse, prenez-en de la petite!». On enchaîne ensuite avec une ligne de piano à la Dan Bigras qui se terminera avec Câlinours, un hommage fascinant à Gerry Boulet, avec saxophone en sus. Le groupe conclut le tout avec une série de push-ups en groupe et Alaclair High, un extrait tiré de leur prochain album. Perfo survoltée, que de plaisir!

Pour les intéressés, ne manquez pas Rednext Level, le projet d’Ogden et de Maybe Watson avec le DJ Tiestostérone qui sera en perfo sur la Scène Presse+ le 16 juin.

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Dead Obies

Mine de rien, la foule a considérablement augmenté rendu à la performance de Dead Obies. Mon à peine 5’4″ me paraissait encore plus court au milieu d’une foule aussi transportée. Le sextuor avait pleins de homies dans la place. Ces derniers avaient les bras en l’air dès les premiers rythmes de Waiting, tiré du plus récent album Gesamtkunstwerk, lancé en mars.

Yes McCan, VNCE, Snail Kid, Jo RCA, O.G. Bear, 20some accompagné du Kalmunity Vibe Collective n’ont pas déçu leurs nombreux fans. Une performance solide qui aura électrisé la foule. On a judicieusement interprété des extraits de Montréal $ud et Gesamtkunstwerk Do or Die, Black CadillacEverydayMoi pis mes homiesOh Lord, Where They @, etc. Puis on termine cela agressivement avec Aweille! et Tony Hawk, livrée version punk qui a incité un mosh pit qui aura servi de test aux clôtures séparant la scène et la foule. Yes McCan n’aura pas hésité vers la fin à envoyer un «maximum shout out» à son comparse Snail Kid de Brown ainsi qu’un «maximum de love» aux Francofolies.

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©Benoît Rousseau / Spectra

Loud Lary Ajust

J’ai malheureusement dû quitter la place de façon prématurée tout de suite après les Dead Obies. J’ai donc manqué l’apparition-surprise de Koriass qui se devait quand même d’être là, étant l’une des figures de proue de cette scène rap québ. Il aurait apparemment choyé la foule avec son Love Suprême, Blacklights et Zombie. Koriass fait d’ailleurs partie de la programmation en salle des Francofolies. Il sera au Club Soda le 18 juin avec en première partie Eman X Vlooper.

Si j’ai manqué Koriass, j’ai évidemment manqué Loud Lary Ajust qui aurait conclu cette première soirée sur la scène Ford avec la fougue énergique pour laquelle le groupe est bien connu. Karim Ouellet se serait d’ailleurs joint à eux pour la pièce Automne. Ce dernier sera en spectacle au Métropolis le vendredi 17 juin à 21 h. En première partie Claude Bégin.

À voir ce soir sur la scène Ford, Blé à 20 h et Barrasso à 23 h.

Pour la programmation complète —> francofolies.com

Crédit photo : Martial Genest/MatTv.ca

Texte révisé par : Louise Bonneau