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Le 1er Gala du Prix des libraires du Québec

Faire briller la beauté singulière des livres

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© prixdeslibraires.qc.ca

Par : Johanne Mathieu

La toute première du Gala du Prix des libraires du Québec s’est tenue à L’Olympia de Montréal, le mercredi 9 mai dernier, à 19 h 30. Le gala, animé par les ambassadrices Fanny Mallette et Catherine Trudeau, et auquel nous conviait l’Association des libraires du Québec (ALQ), soulignait par la même occasion le 25e anniversaire du Prix. Retour sur la soirée.

Au cœur de cette célébration du livre et de ses acteurs, sept prix au total ont été décernés, dont six l’ont été pour les titres s’étant démarqués en 2017 dans les catégories Roman et Poésie, mais aussi dans deux nouvelles catégories, soit Essai et Bande dessinée. Des bourses allant de 2000 jusqu’à 10 000 $ étaient aussi remises aux gagnants et gagnantes de chaque catégorie.

Six lauréats couronnés, quatre catégories

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© www.tvanouvelles.ca

Dans la catégorie Essai, c’est finalement Jonathan Durand Folco qui a remporté la palme avec À nous la ville (Écosociété). Pour l’auteur, l’une des beautés du livre, c’est « cette capacité à faire circuler les idées, à travers la société », à faire circuler des réflexions qui réussissent à la transformer progressivement, petit à petit. Il a également félicité chaleureusement les autres auteurs qui étaient aussi en nomination dans cette catégorie, des auteurs inspirants qui ont publié « de super essais qui ont un impact extrêmement important pour comprendre la société actuelle, nos enjeux. »

Dans la catégorie Poésie québécoise, c’est le président de la Maison de la poésie de Montréal, Hector Ruiz, qui a remis le prix à René Lapierre pour son œuvre Les adieux (Les Herbes rouges). Avant de remettre le prix, M. Ruiz a fait un éloge sur l’élan que connaît présentement la poésie, même si celle-ci passe encore trop souvent sous les radars : « Cet élan me porte à croire que nous sommes plusieurs ici à tendre la main pour sortir la poésie de l’angle mort où elle est parfois oubliée. Aujourd’hui, nous tendons la main pour que des poèmes soient lus. Nous tendons la main pour que des poèmes soient entendus. » Le lauréat gagnant, quant à lui, était visiblement ému de remporter ce prix  : « Je voudrais remercier les libraires indépendants pour ce qu’ils accomplissent par le moyen des livres et de la confiance dans le langage. Que font les libraires? De livre en livre, et de personne en personne, ils et elles construisent de l’attention, de la pensée, du lien social, et veillent sur ce dont la société a le plus besoin : l’ouverture à l’Autre, à sa différence et à sa voix. »

Quant aux catégories Roman et Bande dessinée, elles comportaient chacune deux volets. Dans la catégorie Bande dessinée hors Québec, les honneurs reviennent à Bastien Vivès et à son œuvre Une sœur (Casterman). Julie Rocheleau, quant à elle, a raflé le prix dans la catégorie Bande dessinée québécoise, avec Betty Boob (Casterman). Celle-ci était ravie de ce prix qui lui a été décerné, et qu’elle partage avec la scénariste Véro Cazot, car c’était, pour elles, un véritable défi de parler d’un sujet aussi sérieux que le cancer et de parler entre autres de cœur brisé et de reconstruction, par l’intermédiaire d’une bande dessinée, burlesque et sans dialogue : « Nous voulions faire un livre positif, joyeux. Nous ne savions pas si ça allait marcher. » Pari gagné, puisque le livre a fait l’objet d’une très bonne réception.

La remise des prix dans la catégorie Roman a clos la cérémonie. Jonas Gardell, avec N’essuie jamais de larmes sans gants (Gaïa) a reçu le prix pour la catégorie hors Québec. Quant à la catégorie Roman québécois, le prix est finalement revenu à Christophe Bernard et à son roman La bête creuse (Le Quartanier), une œuvre qu’il a pris dix ans à écrire, une attente qui en a valu la peine pour l’auteur : « Après dix ans à me battre avec, mon roman a fini par prendre le dessus, à prendre pleinement vie, puis à faire son chemin dans le monde. » Il était également honoré de rejoindre le groupe des lauréats gagnants des années passées, des écrivains pour qui il a beaucoup d’admiration. Il y est aussi allé d’un peu d’humour en s’adressant à son fils qui était dans la salle : « Si tu viens me donner un câlin après mon speech, je te donne 20 $. »

Publier et rayonner, voilà ce que font depuis 25 ans les auteurs d’ici et d’ailleurs, tout comme l’ont fait une fois de plus ceux de la cuvée 2018. Des auteurs qui ont su capter et retenir l’attention de libraires provenant de partout à travers le Québec et qui avaient pour tâche de sélectionner les six lauréats gagnants de cette année.

Le Prix des libraires du Québec s’avère donc être un excellent tremplin pour ces auteurs, pour ces œuvres qui auraient peut-être passé plus inaperçus autrement, comme l’explique Fanny Mallette : « Je pense que, au cours des 25 ans, il y en a quand même à qui ça a donné un petit coup de pouce. Ça nous donne envie de suivre le parcours de ces gens-là, et ce qu’il y a de bien avec le Prix des libraires, c’est que les auteurs ne peuvent gagner qu’une seule fois, donc ça permet un large éventail de nouvelles œuvres, et ce que j’aime aussi, c’est qu’il n’y a pas que des jeunes, que des plus aguerris, vraiment, il y a un beau mélange d’auteurs de toutes les générations, de tous les degrés d’expérience. »

 Le Prix d’excellence de l’ALQ

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© www.alq.qc.ca

Lors de cette soirée, on remettait également le Prix d’excellence de l’ALQ, prix qui a pour but de souligner et d’honorer le travail exceptionnel d’un(e) libraire certifié(e). C’est Olivier Boisvert, libraire à la Librairie Marie-Laura à Jonquière, qui s’est mérité le prix. Ce dernier fait un travail remarquable et se démarque par sa polyvalence, par ses nombreuses compétences liées au métier et par son côté humaniste. Très heureux de recevoir cet honneur, il y est allé d’un discours à propos de son rôle en tant que libraire et de la profession : « On se sent comme une espèce de tribu. Il se passe vraiment quelque chose. Je ne voudrais pas exercer un autre métier dans le monde. (…) On est là pour faire valoir une beauté singulière. Faut qu’on continue. »

Le gala s’est finalement terminé dans une ambiance animée, conviviale et détendue. Tout au long de la soirée, cette remise de prix a été ponctuée de lectures des livres finalistes par Fanny Mallette et Catherine Trudeau, mais aussi par Pascale Montpetit et Maxim Gaudette, et de prestations musicales de Tire le coyote. Par ailleurs, Mme Mallette, était très heureuse du déroulement de la soirée : « C’était une soirée festive. Ça fait cinq ans que je l’anime et que je suis porte-parole, je trouvais que cette année, il y avait quelque chose, comme une petite électricité dans l’air qui est palpable. Parallèlement à ça est arrivée une grande écoute, parce qu’on a quand même beaucoup d’informations à passer, mais on lit aussi des extraits des œuvres finalistes. Il y avait de l’écho. »

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© Crédit : Julie Perreault

Si la formule a changé, transformant la remise traditionnelle du Prix des libraires du Québec en gala, l’objectif, lui, demeure le même : on continue de célébrer la vitalité littéraire et le rôle précieux et important du libraire. Donc, on peut dire que la littérature est sur un air d’aller, qu’elle se porte bien? « Je trouve que quand même, on manque un peu d’espace. Y’a qu’une seule émission littéraire, en ce moment, à la radio et à la télé. Autre que dans les médias, j’ai l’impression, moi, que quand je vais dans les librairies, les gens les fréquentent aussi, je ne suis pas toute seule à la librairie. Vu de l’extérieur comme ça, j’ai l’impression que la littérature se porte bien. Il y a plein de nouvelles maisons d’édition, ça foisonne. Il y a des jeunes qui jouent d’audace aussi, et c’est très inspirant ça », de conclure Mme Mallette.

Pour voir les détails et la liste complète des finalistes pour les Prix des libraires du Québec 2018, cliquez ici.

Texte révisé par : Annie Simard