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La machine au service de l’artiste

Machine de cirque en mode TOHU

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© Benoit Vermette

Par Maxime D.-Pomerleau

Machine de cirque, de la compagnie québécoise du même nom, propose un spectacle inspiré du cirque classique dans un décor industriel. Se voulant une rencontre entre l’univers du cirque et de l’ingénierie moderne (deux domaines où évolue le metteur en scène Vincent Dubé), le spectacle présenté à Montréal Complètement Cirque à peine six semaines après sa première fait salle comble et ravit les spectateurs depuis le 8 juillet.

On retrouve souvent dans l’esthétique du cirque les symboles du travail, des usines et de la pauvreté ouvrière souvent opposés à la légèreté et la liberté du cirque. Machine de cirque s’inscrit dans le moule et on se retrouve donc dans cet univers gris et métallique, souligné par l’imposante structure scénique, qui occulte parfois les performances.

Il y a quelques clins d’œil imaginatifs à l’échafaud, notamment dans l’idée de faire son propre contre-poids au numéro de trapèze, mais les prouesses se font attendre. Elle se transforme en machine de Rube Goldberg lors des enchaînements mais le but de l’opération est flou. Malgré des chorégraphies efficaces où on passe entre les rideaux, trappes, fenêtres et cordages, l’impression générale de fouillis persiste. Au final la structure reste plutôt inexplorée, reléguée davantage au rôle de décor que d’outils de performance.

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Les numéros les plus efficaces, autant au niveau acrobatique que pour la réaction du public, sont ceux à l’avant-scène, où les artistes performent avec les appareils classiques de cirque. On sent le duo Yohann Trépanier et Raphaël Dubé (le frère de l’autre) parfaitement dans leur élément avec la jonglerie, où les quilles s’échangent plus vite que leur ombre. Il ne faut pas battre des cils durant ce numéro, qui prête à ce jouet autrement si banal d’étonnantes fonctions! De même, les voltigeurs Ugo Dario et Maxim Laurin s’éclatent sur la planche coréenne, rivalisant de vrilles, saltos et autres pirouettes acrobatiques toutes plus impressionnantes les unes que les autres. La communication est un élément clé dans ce numéro alors que les gars prennent tour à tour place sur le sautoir afin de propulser le plus haut possible leurs confrères. Le portrait final avec les cinq artistes en équilibre sur la planche évoque puissance et finesse en même temps.

Saluons le travail ardu, mais surtout le talent, du multi-instrumentiste Frédéric Lebrasseur. Sorte de clown de scène, sa présence est parfois singulière, parfois amusante, toujours essentielle, en plus d’être une personne comique et attachante lorsqu’il parle. Beaucoup de gestes sont agencés aux cues de musique, plaçant celle-ci parfois plus au centre du numéro que l’acrobatie elle-même.

Si la première partie est surtout meublée de ses rythmes aux percussions, parfois un peu trop agressifs, il se révèle un adroit compositeur, nous servant une leçon de rock’n roll au numéro de jonglerie, galvanisant l’énergie du public jusqu’à une finale de feu. Il se transforme en mariachi avec un ukulélé pour le numéro de la planche coréenne ou agit comme simple bruiteur lorsque le mime Ugo tente de charmer une demoiselle de l’assistance. Suivant au souffle près les mouvements des acrobates, il peut reprendre aisément tout morceau, toute note lors d’un écart, laissant une certaine flexibilité aux artistes pour exécuter leurs numéros, comme ce fut le cas pour l’équilibrisme sur les monocycles. On aimerait bien connaître la hauteur du dernier d’ailleurs, il devait faire au moins 12 pieds! Comme pour Barbu, c’est dans ces occasions qu’on constate la richesse d’avoir des musiciens sur scène plutôt qu’une trame sonore en arrière plan.

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Finalement, on ne peut passer à côté du mythique numéro des serviettes, avec lequel Yohann et Raphaël s’étaient fait connaître sous le duo Les Beaux-Frères, en prestation au Plus Grand Cabaret du Monde. Cette fois-ci les quatre interprètes jouent le jeu, au plus grand bonheur de l’auditoire, hilare. Redoublant d’efforts pour couvrir leur intimité, ils échangeront, plieront, lanceront les serviettes de tous les angles possibles, se dénudant parfois plus qu’ils le voudraient! À la limite du burlesque, le sketch donne lieu à plusieurs décrochages et on a vraiment l’impression de voir une gang de colocs déconner dans leur salle de bain. C’est rafraîchissant, coquin et franchement drôle.

Ne renouvelant pas le genre, Machine de cirque s’avère une bonne incursion dans l’univers du cirque qui saura plaire à un large auditoire. La troupe est en spectacle à la TOHU jusqu’à dimanche. Parions que vous ne verrez plus votre serviette de bain de la même manière!

#MCCirque

Photos fournies par : Montréal Complètement Cirque