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La divine illusion

Anne-Marie Cadieux sublime en Sarah Bernhardt

Divine illusion 1

 Crédit photo : gracieusté TNM

Par Sébastien Bouthillier

Même s’il nous situe en 1905, lors de la visite de Sarah Bernhardt à Québec, les thèmes que Michel Marc Bouchard aborde ont traversé le siècle.  La condition humaine n’a pas d’âge, le décalage entre les époques nous renvoie le reflet d’aujourd’hui de façon plus percutante.

L’archevêque de Québec veut interdire la représentation de la diva Bernhardt (Anne-Marie Cadieux) dans la Vieille capitale.  Michaud (Simon Beaulé-Bulman), un séminariste épris de théâtre, doit remettre l’interdit à l’actrice qu’il admire.  Mais Talbot (Mikhaïl Ahooja), le compagnon impromptu de Michaud, l’accompagnera au théâtre et jusque dans la basse ville.

«Une gifle à nos certitudes.»  Le metteur en scène Serge Denoncourt annonce en ces termes la pièce dans le programme, car il ne s’agit pas d’une simple sortie au théâtre où, bien calé dans son siège, le spectateur observerait l’action.

À travers la religion, l’exploitation de travailleurs et l’abus d’adolescents par des adultes qui ont la responsabilité de leur éducation, Bouchard a écrit une pièce actuelle et qui ébranle nos convictions.

L’intrigue se dénouera autour de l’actrice française, lors de sa visite à l’usine où travaillent la mère et le frère cadet de Talbot, qui souhaitent qu’il devienne prêtre ; un statut qui les extirperait de la misère.

Divine illusion 2

Le sens du sacerdoce, le rôle du théâtre et la fin du travail, autant de questions visant l’Église, l’art et le capitalisme sont soulevées par le texte de Bouchard.  Comme si tout n’était qu’illusion, comme s’il suffisait d’y croire.

Bien que le public rit quand Sarah Bernhardt imite l’accent québécois, il a honte quand il apprend le traitement que lui a réservé la foule de Québec pour la chasser hors de la Belle province.

Sarah Bernhardt a prononcé deux déclarations choquantes durant sa visite : l’une sur l’ignorance populaire, l’autre sur l’importance de l’art dans la société.  Ses paroles ont inspiré cette pièce de Michel Marc Bouchard.

En supplémentaire au Théâtre du Nouveau Monde jusqu’au 12 décembre.  Les sièges au paradis, il en reste souvent quelques-uns, se vendent au meilleur tarif.

Crédit photo : gracieusté TNM