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La chronique littéraire : La troisième personne

En quête de soi

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© Annick MH de Carufel/ici.radio-canada.ca

Par : Johanne Mathieu

Oublier le passé, avoir envie de tout recommencer, oser avancer… « Sortir de prison comporte des risques », comme le mentionne Danielle Dussault, dans sa toute dernière œuvre, La troisième personne, publiée aux Éditions Druide.

Trois femmes, trois destins et une même volonté : le désir d’enracinement et celui de la fuite. Il y a d’abord Marie, une toxicomane qui se retrouve en prison après qu’elle ait été jugée coupable de la mort de son amant musicien. Il y a Xuân Lan, qui décide, du jour au lendemain, de quitter l’homme qu’elle croyait aimer et entreprend une marche longue vers nulle part, et vers le fleuve, celui qu’elle aimerait atteindre : le Sông Hông. Et puis, il y a Isa, enseignante de profession, qui décide de tout laisser pour répondre à l’appel de l’écriture. Les trois femmes se retrouvent au bord d’un fleuve afin de raconter à leur manière une destinée unique. Chacun de leur parcours est ponctué de périodes charnières et de rites de passage qui les définissent en tant que femmes. Dans ce roman choral de Danielle Dussault, trois voix s’élèvent dans une quête commune de liberté.

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Dans ce court roman de 176 pages, l’auteure met de l’avant des personnages féminins fragiles et forts à la fois. La liberté fait peut-être peur, mais c’est l’isolement qui tue. Si ces femmes sont en apparence éloignées, elles vont sur des routes parallèles. Et le fleuve rejoint ces femmes, qui entendent son chant secret. Les destins se rejoignent, les trajets s’entrecroisent, les visages se superposent, pour ne former qu’un seul et même rêve d’aboutissement et d’affranchissement. « Qui est donc cette femme, cette soif, cette impatience qui s’élance sans but? » Femmes d’ombre, d’ici ou d’ailleurs, elles cherchent la lumière, même si elles la craignent. Elles veulent s’arracher de leur prison d’origine (la dépendance, le renoncement, la résignation) et reprendre leurs droits sur elles-mêmes. Elles cherchent leur propre voie. Des mots feutrés, une touche poétique, Danielle Dussault nous présente ce roman écrit tout en humilité, en force intérieure et en émotions. À paraître en octobre.

La troisième personne, de Danielle Dussault (2018), Les Éditions Druide, Montréal, 176 pages.

Texte révisé par : Annie Simard