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La chronique littéraire : Déments à cheval

Une épopée surréaliste

© www.editionsdruide.com

Par : Johanne Mathieu

Avec Déments à chevalparu aux Éditions Druide, Emily Andrewes livre ici un sixième roman, sur la solitude et la peur de l’amour des autres, qui nous entraîne dans une épopée surréaliste et nous transporte à travers les époques passées.

Attablé au bar qui se trouve sous son appartement, dans un village situé près du golfe du Saint-Laurent, Robinson voit passer à la télé les mots suivants : « ALERTE TSUNAMI ». La nouvelle passée, tout le village se retrouve sous l’effet de cette rumeur mystérieuse qui annonce l’arrivée imminente de la catastrophe. « Est ombrophile tout organisme qui a besoin d’un déluge pour croître. Je suis de ceux-là. » Serait-ce Robinson qui aurait répandu la nouvelle? Car plus les habitants du village quittent celui-ci, plus l’homme s’en réjouit, rêvant de solitude et souhaitant qu’on le laisse à lui-même depuis la mort de sa femme, Floriane. Plus le village se vide, plus Robinson s’emmure dans son appartement, heureux, plongé dans la lecture de la poésie d’Horace, ne se nourrissant que de lamproies. Il est alors transporté à travers d’autres sphères, des époques et des lieux passés : la Rome antique, l’Écosse des années 1950, l’époque des pêcheurs de lamproies de la Basse-Loire du XIIe siècle. Et jusqu’où cette aventure le transportera-t-il réellement? Un roman sur l’impossible réconciliation entre l’amour des autres et l’effroi qu’il inspire.

 

Emilie Andrewes offre ici un roman qui plaira aux amateurs de surréalisme. Un roman sur la solitude obsessive d’un homme, qui préfère le silence à la compagnie des autres, à l’animation des hommes, qui est détaché d’eux, même si le personnage de Robinson semble parfois se coller à certains espoirs. L’œuvre est totalement imaginative. L’invraisemblance côtoie le réel tout au long de celle-ci. Les auteurs qui se retrouvent dans la collection Écarts des Éditions Druide savent raconter, troubler et émouvoir. On peut dire qu’Emily Andrewes fait partie de ces auteurs. Mais à force de multiplier les aventures inventives, celle-ci s’écarte un peu, laisse l’intrigue prendre une direction et puis une autre. Même si on ne peut pas dire que l’œuvre est dénuée d’intérêt, l’auteure aurait certainement gagné à resserrer vraiment son histoire.

Déments à cheval, d’Emilie Andrewes (2019), Éditions Druide, Montréal, 160 pages.

Crédit de l’image à la une : www.babelio.com

Texte révisé par : Annie Simard