un magazine web axé sur la culture d’ici

La chronique littéraire : À peine un petit air de jazz

La vie telle qu’elle est

9782764625125_largelibraire (2)© leslibraires.ca

Par : Johanne Mathieu

Cette semaine, je me suis plongée dans la lecture d’À peine un petit air de jazz, de Gilles Archambault, publié par Boréal. Avec ce 40e livre, l’auteur nous livre encore une fois une œuvre très humaine et très intimiste, empreinte de nostalgie.

Dans une résidence pour personnes âgées, un père attend en vain la visite de son fils, un homme préfère – et a besoin – de la morosité des autres et redoute leur optimisme et leur bonheur, un amoureux du jazz se remémore une ancienne flamme, leur histoire, en faisant une sorte de pèlerinage des lieux qu’ils ont fréquentés… Dans ce recueil de nouvelles, Gilles Archambault présente des protagonistes au destin parfois pathétique, ni reluisant, ni médiocre, des gens qui sont tout simplement sans histoire. Des hommes et des femmes aux ambitions tièdes, dont la quête du bonheur semble parfois désespérée. Ils peinent à retrouver leurs repères ou ne mènent qu’une existence de survie… Des personnages qui jettent un regard et se questionnent sur leur propre vie avec une constatation lucide contre laquelle ils ne combattent pas.

IMG_8442 © Courtoisie

Avec une grande justesse et tout en subtilité, l’auteur raconte la vie telle qu’elle est, sans l’embellir. Le temps qui passe, les années qui s’envolent, les rêves qui s’éloignent… Par l’entremise de ses personnages, Archambault nous renvoie un reflet de nous-même, dans un miroir dans lequel nous pouvons nous reconnaître. L’oeuvre est mélancolique, mais sans jamais verser dans le tragique, la douleur lancinante ou le larmoyant.

Une œuvre sobre, introspective, sans air hollywoodien, grise mais jamais trop sombre. Malgré quelques fins parfois un peu abruptes, Gilles Archambault prouve une fois de plus qu’il manie l’art de la nouvelle avec brio. D’un magnifique réalisme. La vie dépeinte sans magnificence et sans les lunettes roses.

Texte révisé par : Annie Simard