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JLCO et Wynton Marsalis

À l’école du Jazz : entre tradition et modernité

Trumpeter Wynton Marsalis©Frank Stewart

Par : Marie-Christine Jeanty

Lors du deuxième soir du FIJM, j’ai eu la chance d’assister au concert du Jazz at the Lincoln Center Orchestra (JLCO) dirigé par le grand trompettiste, unique jazzman a avoir gagné le Pulitzer, Wynton Marsalis. C’est dans l’acoustique impeccable de la Maison Symphonique de Montréal que le public a eu droit à une véritable éducation au jazz. Wynton Marsalis, entre chaque pièce, a pris le temps de bien expliquer le contexte historique de chacune d’entre elles. Si le JLCO dans son répertoire oscille entre tradition et modernité, dans son interprétation il vogue habilement entre maîtrise et improvisation, pour le plaisir des amateurs du genre. Les puristes (comme mon oncle présent dans la salle) se plaignaient que le public freinait l’élan des musiciens lors des improvisations avec les applaudissements répétitifs. C’est donc pendant près de deux heures que nous avons été conviés à un voyage à travers le temps jazzé, tout un plaisir pour l’ouïe. L’espace d’une pièce, nous étions dans un bar de Harlem, pour ensuite nous retrouver dans les rues de la Nouvelle-Orléans et ainsi de suite.

Band©Frank Stewart

L’orchestre a donc interprété des standards du jazz, comme Duke Ellington dont on a pu entendre des oeuvres datant d’époques différentes de sa carrière, par exemple Braggin’ in Brass (1938) et des pièces de son album Far East Suite (1963). Dans le repertoire, il y avait aussi des pièces originales de membres du JLCO, comme Chris Crenshaw (qui signe d’ailleurs de nombreux arrangements), et celle de Victor Goines qui nous a entraînés en Nouvelle-Orléans avec A dance at the Mardis Gras bal. Parmi les autres pièces qui se sont enchaînées pour le délice du public : I got rythm (tirée de la comédie musicale Crazy Girl de Gershwin), Armageddon (tirée de l’album Night Dreamer de Wayne Shorter). La pièce finale, avant le rappel, était une autre composition d’un des membres du JLCO, Ted Nash, tiré de son album Portraits in Seven Shades, une série de 7 mouvements inspirés de maîtres de l’art moderne Chagall, Dali, Matisse, Monet, Picasso, Pollock and Van Gogh. Le public montréalais a eu droit à un magisral Pollock où nous avions l’impression que les notes reproduisaient le mouvement quasiment chaotique, avec un rythme irrégulier, et nous pouvions imaginer un immense canevas comme Pollock les aime, entrain de se remplir de peinture.

 

À propos du Jazz at the Lincoln Center Orchestra

Plus qu’un simple orchestre, Le Jazz at the Lincoln Center est le seul lieu consacré tant à la diffusion, à l’éducation, et la production de Jazz en plein coeur de New York. L’orchestre, dirigé depuis 1997 par le trompettiste et compositeur Wynton Marsalis, est né en 1998, de cette volonté de démocratiser ce genre musical et de partager l’oeuvre de ses compositeurs avec le plus grand nombre. L’orchestre est composé de 15 musiciens : 4 trompettistes, 3 trombonistes, 5 saxophonistes (dont certains jouent aussi de la flûte traversière, de l’alto et de clarinette), d’un contre-bassiste et d’un pianiste. Il est en tournée pour le tiers de l’année, et le reste se produit à domicile. Dans les deux cas, il est plus souvent qu’autrement accompagné d’invités.

dsc08111©Frank Stewart

Qui est Wynton Marsalis ?

Celui, qui a eu un rappel lors de ce magnifique concert, s’est produit en quartet avec une grande générosité, et est un des compositeurs et musiciens les plus brillants de sa génération. Dans l’esprit du swing, Wynton Marsalis partage sa passion du jazz à travers son enseignement et ses performances. Il est le second fils du pianiste-compositeur et lui aussi professeur, Ellis Marsalis. Son frère aîné Branford (joue des saxophones ténor et soprano) et lui, sont les plus connus de ce clan de musiciens. Tous les deux sont des habitués du Festival International de Jazz de Montréal. Justement, le FIJM présente tous les soirs à 19 h, au Cinéma du Parc, le documentaire Branford Marsalis, The Sound Illusionist, jusqu’au 7 juillet 2016.

Texte révisé par : Louise Bonneau