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Ils étaient tous mes fils

Le rêve américain vire au cauchemar

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Crédit photo : Caroline Laberge

Par Sébastien Bouthillier

La famille Keller présente toute la normalité américaine.  Nous sommes en Ohio en 1947.  Aisance financière, admiration du voisinage, ascension sociale du self-made-man paternel.  Sauf que sous les apparences, la normalité repose sur des bases précaires.  Au premier soubresaut, tout vacille comme l’arbre déraciné par le vent dès la levée de rideau.

Le père Joe (Michel Dumont) prétend que la folie hante son épouse.  Mais la mère (Louise Turcot) attend le retour de son fils aîné de la guerre comme la preuve que son mari n’est pas l’auteur d’une négligence ayant entrainé la mort de pilotes outre-mer.

Or, Larry était pilote.  La guerre terminée, il n’est pas encore rentré.  Serait-ce par honte de son père?  Accusé de négligence criminelle, Joe aurait jeté la faute sur son associé et voisin, maintenant emprisonné à sa place.

Un vent d’hypocrisie dissipera l’admiration du voisinage, le déni de Joe égalera la folie de son épouse, l’amour du fils cadet (Benoît McGinnis) cèdera devant la haine.  Extraordinaire tragédie au cœur de la typique banlieue états-unienne.  La vérité aurait-elle permis d’éviter la tragédie?  Maintenant qu’elle est dévoilée trop tard, la tragédie devient inévitable.

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Jean Duceppe a fondé le théâtre qui porte aujourd’hui son nom en 1973 après qu’il ait vu La mort d’un commis voyageur de Miller joué à Québec.  Le premier spectacle joué au Théâtre Port-Royal de la Place des Arts a donc été une pièce de cet Américain.

Arthur Miller, également auteur d’Ils étaient tous mes fils, aurait eu 100 ans le 17 octobre dernier.  Témoin de la ruine de son père et du désespoir durant la Grande Dépression, Miller condamne l’idéal américain de prospérité.  Son œuvre aborde la lâcheté et la détermination autant que les responsabilités individuelles et collectives.

Grâce à la traduction finement ciselée de David Laurin, le texte rédigé en 1947 par Miller vibre aux accents québécois. Frédéric Dubois met en scène pour la première fois au Jean-Duceppe.  Souhaitons qu’il y en ait d’autres.

Au théâtre Jean-Duceppe jusqu’au 5 décembre

Tapis rouge

Notre photographe Mathieu Parenteau Vallée était présent lors du tapis rouge de la première. Voici les photos des nombreuses personnalités connues qui étaient présentes.

Crédit photos du tapis rouge  : Mathieu Parenteau Vallée/MatTv.ca