un magazine web axé sur la culture d’ici

Francouvertes 2016 : Une finale amicale

La Famille Ouellette sacré grand gagnant

Francouvertes- Finales

Crédit photo : ©Jean-François LeBlanc

Par Mélissa Thibodeau

Ce n’est plus un secret à l’heure où j’écris ces lignes, mais c’est la ludique fraternité La Famille Ouellette qui a remporté la finale des 20e Francouvertes lundi soir au Club Soda. Le sextuor pop gastronomique, qui en était seulement à sa troisième performance à vie, a en quelque sorte brisé la tradition folk qui semblait lier tous les gagnants depuis la victoire de Bernard Adamus en 2010. La Famille affrontait alors Caltâr-Bateau ainsi que Mon Doux Saigneur dans un match des plus amicaux alors que plusieurs membres de chaque formation partageaient leurs projets pour le bonheur de tous.

Le Club Soda n’en finissait plus de se remplir ce lundi, que ce soit dans l’auditoire ou sur la scène. Si mon compte est bon, 21 musiciens ont foulé les planches de la salle de spectacle pendant la soirée. Je compte parmi ceux-ci les porte-paroles Koriass et Vincent Peake (Groovy Aardvark, Grim Skunk) et leur performance inédite.

Ils ont interprété tour à tour des chansons de l’un et de l’autre fusionnant agréablement les styles. Peake maniait la basse en plus de donner libre cours à ses cordes vocales, et Koriass maniait le verbe comme lui seul peut le faire. D’ouvre ta fenêtre, en passant par un medley mash-up de Y a tu kelkun – Tséveudire pour se terminer avec Zombies, le premier single de l’album Love Suprême de Koriass. J’en aurais pris deux autres du genre.

Francouvertes- Finales

Crédit photo : ©Jean-François LeBlanc

Si les co-porte-paroles avaient réussi à briser la glace avec brio, c’était toutefois pour la relève que nous étions rassemblés: les finalistes d’une édition de haut calibre diversifiée autant sur les origines des artistes que sur leurs genres musicaux. Pour la hors-Québec que je suis, je me permets de souligner la présence d’autres «HQ» parmi les ceuzes qui ont pris part à cette 20e édition: Ponteix (Saskatchewan), Simon Daniel (Nouveau-Brunswick), Cy (Nouvelle-Écosse) et les Sudburiens Mclean et Marie-Claire.

Ce sont trois formations montréalaises qui se sont hissées en finale. On savait déjà à l’avance que personne n’allait pleurer sa perte pendant la soirée. Les trois formations entretiennent des liens amicaux et professionnels alors qu’on a pu remarquer, entre autres, l’échange de musiciens entre Caltâr-Bateau et Mon Doux Saigneur. Au-delà du concours, notons que des membres de La Famille Ouellette (David Lagacé) et de Caltâr-Bateau (Étienne Dupré) sont également dans la formation indie-folk Fire/Works.

Bref, tout le monde se connaissait déjà et se serrait fort les coudes. Le plaisir de créer et de jouer de la musique ensemble a prévalu sur le côté concours, un esprit qui se faisait ressentir sur scène. C’était très rafraîchissant à voir.

Caltâr-Bateau

Francouvertes- Finales

Crédit photo : ©Jean-François LeBlanc

Quelle belle entrée en matière que représentait le septuor Caltâr-Bateau, groupe qui rassemble des jeunes de Montréal ainsi que certains venant de ses deux rives. Je peux me permettre de dire des jeunes, car entre eux et moi, une décennie nous sépare sûrement. Peu importe, j’ai été particulièrement enchantée par leur performance bien assumée et sans prétention. Tout doucement, on a commencé avec Subo Subo. Le groupe a poursuivi avec des pièces de leur album La Bavure des possessions, dont la pièce-titre, Hey lumière et La Série du siècle, lors de laquelle on a eu droit à une impressionnante performance scat de la chanteuse Alex Guimond.

La Famille Ouellette

Francouvertes- Finales

Crédit photo : ©Jean-François LeBlanc

Si pendant leur tout premier show, soit pendant les préliminaires, La Famille Ouellette avait fait offrande de leur sauce à spag et qu’aux demi-finales, on avait eu droit à des caramels, pour la finale, des chanceux ont pu se gaver de leur limonade. Créé ad hoc pour les Francouvertes, la formation offre une puissante concoction de genres : pop, funk, soul, rap, tout cela ficelé à de l’humour absurde. Je ne sais toujours pas sur quel pied danser en les regardant aller, mais au moins je danse. C’est sûrement ce charme qui leur aura finalement fait gagner le grand prix. Ils ont, entre autres, interprété Tout ce vacarme et Ce ne sont que des mots. Il y a également cette pièce suave qui parle de flirt en transport en commun. Ça m’a fait bien sourire et je n’étais pas la seule.

Mon Doux Saigneur

Francouvertes- Finales

Crédit photo : ©Jean-François LeBlanc

Même si j’avais fort apprécié toutes les performances de la soirée, j’avoue que la performance de Mon Doux Saigneur avec en son centre Emerik St-Cyr, a été la plus marquante de par la démarche, les textes, la présence de scène. On remarque vite que le groupe fait fi de la formule concours en se laissant aller à l’improvisation. Étant lui-même un extraordinaire musicien, Emerik St-Cyr était accompagné d’artistes tout aussi talentueux qui réussissaient quand même à le suivre. Le rythme était parfois coupé lors de ses multiples pauses pour accorder sa guitare, mais pour ma part, ses chansons réussissaient grandement à faire oublier les frasques.

Toujours dans l’esprit de fraternité et d’amitié qui régnait lors de la soirée, à la fin de la performance de Mon Doux Saigneur, plusieurs membres des autres groupes se sont spontanément joints au groupe sur la scène pour un «dance party» qui était trop court ma foi! Lorsque des gens dans l’auditoire, n’en pouvant plus, ont finalement décidé de se lever et d’aller danser eux aussi, la pièce était déjà terminée. Ce sera pour une prochaine fois!

Les grands gagnants ont remporté, entre autres, une bourse Sirius XM de 10 000 $. D’autres prix ont été remis à tous les finalistes, que ce soit en performances rémunérées ou en chèque, pour le bonheur des participants. Pour la liste complète des prix remis pendant la soirée, consultez le site des Francouvertes. Félicitations à tous les musiciens, on ne peut qu’être intrigués pour la suite.

Texte révisé par: Ambre Sachet.