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Dimanche Napalm: Poutine oppressante

La fureur du silence

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©Valérie Remise

Par : Marie-Claude Lessard

Avec Dimanche Napalm, Sébastien David brosse un portrait infiniment juste de la famille typique moderne. Celle qui, sous le poids de la routine et des conventions sociales, voit son vernis craquer. À travers 47 courts tableaux illustrant une journée de la semaine, la pièce démontre habilement, malgré quelques éparpillements, diverses manières de fuir les ressentiments étouffants.

Après avoir participé activement aux manifestations étudiantes lors du printemps érable, un fils désabusé (Alex Bergeron) chute volontairement d’un deuxième étage et retourne vivre chez ses parents. Emprisonné sur une chaise roulante, il se vautre dans un mutisme. À tour de rôle, sa mère (Sylvie Léonard), son père (Henri Chassé), sa sœur (Geneviève Schmidt) et Kim, son ancienne amoureuse (Cynthia Wu-Maheux) le visite dans sa chambre pour tenter de le faire parler, de le faire revenir dans le vrai monde. De plus, le fantôme de la grand-mère paternelle (Louison Danis) rôde dans les parages.

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©Valérie Remise

Pour exprimer la perte des illusions, la happante scénographie signée Odile Gamache a recours à des teintes sombres. Une fenêtre brisée, un écran géant, des éclats de vitre, trois rampes d’escaliers. Voilà la chambre du Fils. Voilà le vide laissé par la recherche vaine du sens de l’existence.

Évidemment, le mutisme sélectif du personnage principal s’avère bien plus éloquent que tous les dialogues à sens unique débités par sa famille. En explorant une multitude de sujets comme la mort, la solitude, la routine, la surconsommation, la superficialité des apparences, Sébastien David prouve que tous portent en soi une colère refoulée encore plus meurtrière que du napalm. Puisque l’œuvre aborde plusieurs thématiques, certaines d’entre elles souffrent d’un manque de profondeur. Il est quelque peu difficile de comprendre ce que l’auteur veut qu’on retienne spécifiquement.

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©Valérie Remise

Ceci dit, grâce à une mise en scène fluide et une distribution de haut vol, Dimanche Napalm suscite émotions et malaises. La pièce déstabilise, car toutes les générations confondues sont représentées par un ou plusieurs protagonistes. Même s’il ne dit pas un traitre mot, Alex Bergeron offre une interprétation estomaquante, son corps délivrant avec force les tourments intérieurs justifiant le silence. Dans le rôle de la mère qui enfouie ses rêves abandonnés dans le faux confort de la routine et des responsabilités, Sylvie Léonard offre une performance à la fois touchante et amusante.

Dimanche Napalm est présentée au Théâtre d’Aujourd’hui jusqu’au 26 novembre.

Texte révisé par : Annie Simard