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Marcie, une artiste à découvrir

Quand chanson québécoise et poésie française se rencontrent

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Par Maxime D.-Pomerleau

Marcie lance un mini-disque numérique à l’automne 2011, intitulé tout simplement Les choses de la vie selon Marcie, une carte de visite efficace qui laissait entrevoir l’immense talent de l’auteure-compositrice interprète. Depuis, l’artiste en a fait du millage; après les vitrines de la Bourse Rideau, des participations aux Festivals de la chanson de Petite-Vallée et de celui de St-Ambroise, un passage remarqué au Festival Vue sur la Relève 2011 et une présence aux Francofolies la même année, de nombreuses résidences musicales et remises de prix plus tard, Marcie célèbre enfin la sortie de son premier album complet.

L’atmosphère de spleen automnal présente sur son maxi a plutôt laissé la place à une candeur printanière. Il faut voir l’album homonyme de Marcie comme un cabaret; il y a des personnages, des histoires d’amour et on retrouve assis à chaque table un état d’âme. Une poésie urbaine amenée avec beaucoup de style et une facture musicale qui rappelle à la fois l’univers des boîtes à chanson québécoises et d’intemporels classiques de la musique française. Empreint de romantisme, l’album de Marcie nous révèle la chanteuse sous plusieurs formes, sa puissante voix étant aussi à l’aise de naviguer sur les eaux cristallines que les surfaces brutes et rugueuses.

Tout en gardant une arche narrative simple et une technique travaillée, les compositions sont riches, imagées et pleines d’esprit. Son guitariste Ludo Pin, qui signe la réalisation de l’album, amène un cadre où les arrangements et mélodies complexes rendent vraiment justice aux compositions de Marcie. On peut même sentir l’arôme de Navet Confit autour de certaines pièces plus organiques, comme Sous le réverbère, en ouverture de l’album.

On remarque une évolution en finesse entre Les choses de la vie selon Marcie et ce tout premier album. Le côté ludique de l’écriture a laissé place à un parcours tortueux et la musique a pris du poil de la bête. Des pièces du EP qui ont survécu au ballotage on retrouve Une rose, qui a eu droit à un extreme make-over, avec des guitares abrasives et un tempo plus lourd. Plus rock et moins fleur bleue, Une rose est l’une des chansons phares de l’album.

Une couleur sépia se dégage de Fais-moi pleurer, où l’on imagine sans peine le mélodrame d’une chanteuse s’épanchant sur de faux problèmes d’amour. On se croirait dans une petite boîte à musique (vous savez, celle avec une ballerine et une manivelle à tourner?) avec la délicate Novembre et la dépouillée Mercredi nous ramène aux racines folk rêveuses de Marcie. L’entraînante Avant l’aube se distingue du reste de l’album avec son tempo rapide et enjoué et est définitivement ma pièce préférée! Seule ombre au tableau : l’amour, omniprésent dans l’album, pourrait écorcher les oreilles exigeantes qui trouveraient le thème quétaine ou redondant.

« Grande et forte autant que fière », Marcie s’inscrit aux côtés d’autres jeunes chanteuses folk comme Salomé Leclerc et Émilie Proulx, qui donnent aux histoires du quotidien une teinte de poésie et de mélancolie bien personnelle. En spectacle Marcie est en parfait contrôle de ses moyens. Entourée de musiciens chevronnés elle laisse toute la place à l’interprétation; sa voix n’est plus dépendante de sa guitare, elle se laisse porter par les instruments et la magie du moment. La charismatique chanteuse charme aussi la salle avec ses interventions pleines d’humour, en vous parlant autant de botanique que de country!

La rentrée montréalaise de Marcie se fait le 7 mai au Cabaret du Lion d’Or.

Crédit photo : Marianne Charland