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Antigone au printemps

Le carré rouge en tragédie grecque

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© Francis Sercia 

Par : Sébastien Bouthillier

Après Dimanche Napalm de Sébastien David présenté l’automne dernier au Théâtre d’Aujourd’hui, Antigone au printemps occupe la salle Fred-Barry. Cinq ans après le Printemps érable, cet événement politique devient objet théâtral. L’art a quelque chose à dire de la politique, celle-ci inspire ses artisans.

Figure mythique grecque, créée par Sophocle en 441 avant notre ère, Antigone incarne la justice qui prime sur la loi. À la poursuite de principes de justice supérieurs et universels, elle désobéit à la loi de la cité, car la respecter serait une terrible injustice pour elle.

Nathalie Boisvert se réfère à la tragédie grecque pour dépeindre la désobéissance civile et les déchirements qu’elle provoque. L’auteure a situé l’action au printemps 2012, quand le Québec était secoué par le mouvement social clamant son refus de l’augmentation des frais de scolarité et son ras-le-bol des scandales de favoritisme et de corruption éclaboussant le gouvernement Charest : « La loi spéciale! On s’en câlisse! »

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En Antigone, Léane Labrèche-Dor subit un conflit d’allégeance. Auquel de ses frères se rallier, à Polynice, celui qui défie la loi et combat avec elle ou à Étéocle, celui qui se range du côté de la loi? Lorsque son frère qui a désobéit à la loi est interdit de sépulture, elle lui en trouvera tout de même une au nom de la dignité humaine. Même mort, l’humain mérite qu’on reconnaisse sa dignité.

La radicalité de l’éthique d’Antigone a un prix élevé pour elle, qui perd son amoureux, sa mère et le maintien au pouvoir du maître de la cité. Cependant, son courage et sa détermination lui servent de monnaie inépuisable.

Antigone au printemps, à la salle Fred-Barry jusqu’au 22 avril.

Crédit photo : Francis Sercia

Texte révisé par : Annie Simard