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Critique Cinéma : Amy

Un documentaire d’Asif Kapadia

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 ©A. WINNING / REUTERS

Par Ben McQueen

« Si je pouvais tout rendre pour marcher dans la rue tranquillement, je le ferais… »

Adieu les interminables films biographiques tombant souvent dans le pathos le plus total, nous montrant régulièrement des acteurs dont le jeu est loin de la transcendance. Après la vie d’Édith Piaf, Ray Charles, Serge Gainsbourg et Claude François… nous nous doutions qu’un jour ou l’autre un réalisateur véreux allait s’emparer de la vie d’Amy Winehouse. Inévitablement, ce dernier allait ternir la réputation de l’artiste en se concentrant sur ses multiples abus au lieu de défendre son indéniable talent. Mais contre toute attente, c’est un documentaire qui a vu le jour, impossible voire difficile de mentir, me diriez-vous?

J’admets que c’est avec brio qu’Asif Kapadia nous peint un portait plus ou moins méconnu de la jeune femme. C’est à travers un gigantesque travail d’archives que l’intimité d’Amy Winehouse nous est révélée peu à peu. Elle sait se montrer drôle, parfois attachante, mais ce que l’on remarque avant tout, c’est cette souffrance qui habite chaque parcelle de son corps, ce besoin viscéral d’être aimé. Le piètre psychologue que je suis vous dira de prime abord que ce comportement est forcément dû à l’absence de son père, or, cela est bien plus complexe.

Le documentaire retrace méticuleusement le parcours de la jeune fille, de son adolescence à sa mort prématurée. Du premier album Frank au deuxième album désormais célèbre dans le monde entier, j’ai nommé Back To Black. Hormis ses succès musicaux, le metteur en scène dévoile au grand public à quel point cette femme était mal entourée, que cela soit dans sa vie amoureuse, sociale et surtout familiale, s’attirant de par ses révélations les foudres de Mitchell Winehouse, le père de la chanteuse. Asif Kapadia dénonce que ce prodige n’était pas fait pour une vie de vedette, mais plutôt pour une vie d’artiste, qui aurait dû œuvrer dans l’ombre et l’anonymat plutôt que dans la lumière des projecteurs.

Le documentaire a été présenté au Festival de Cannes cette année, il rencontre d’ores et déjà un très beau succès en salle.