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’77 Montréal – Have Fun and Be Yourself

Troisième édition réussie pour ’77 Montréal

© Maryse Phaneuf/MatTv.ca

Par Maxime D.-Pomerleau

Plus de 6000 personnes se sont données rendez-vous vendredi au Parc Jean-Drapeau pour la troisième édition du festival de musique punk ’77 Montréal. Une journée qui s’est passée sous le chaud soleil californien, avec la panoplie de groupes de cet état américain qui étaient en prestation! Montréal arrive officiellement au 21e siècle avec ce nouveau site extérieur pouvant accueillir des festivals et tournées internationales majeures. L’Espace 67 déployé à la sortie du métro est franchement épatant, autant pour un design efficace que son accessibilité et ses commodités qui rendent meilleure l’expérience de tous les festivaliers.

14h15. Notre premier band, notre première bière, notre première douche! Ça commence fort avec The Menzingers et la hose qui démarre en même temps que la première note! Tout sourire, le groupe de Pennsylvanie a apporté son punk rock mélodique et enjoué à la petite foule regroupée au pied de la Scène de l’Est. Le chanteur et guitariste Tom May portait un simple t-shirt blanc sur lequel il était écrit Have Fun and Be Yourself. Une citation plus qu’appropriée pour l’événement, qui était une forme de retrouvailles pour nombre de festivaliers. Au cœur de la philosophie punk se trouve l’authenticité, l’affirmation et le courage d’être soi-même. De même, le style de vie punk est souvent défini par son côté festif et convivial, qui se traduit dans la communauté par le « vivre et laisser vivre » duquel émerge une certaine solidarité. Voilà qui serait le mantra de la journée! Un peu déçue de n’avoir eu aucunes pièces de Chamberlain Waits, The Menzingers se sont plutôt concentrés sur les albums subséquents; On the Impossible Past et After the Party. J’étais tout de même heureuse d’entendre les succès House on Fire, The Obituaries et I Don’t Wanna Be an Asshole Anymore. On a aussi eu droit à quelques extraits de Hello Exile qui sortira le 4 octobre prochain.

Tout de suite après sur la Scène de l’Ouest c’est le groupe Pulley, qui sortait d’une longue pause, qui s’est emparé de la scène. Une suite logique de punk rock rapide où la guitare électrique est reine. Tannés de cuire comme des petits homards frits au soleil plombant (ça manque un peu d’arbres, on va se le dire) on s’est dirigé vers la Scène du Jardin, manger des fruits dans le gazon. Un lieu bien aménagé où on trouve même de l’ombre et où l’on peut facilement réduire de 2-3 degrés notre température corporelle. Le soir il y a un joli set up d’ampoules qui illumine la scène et le parterre!

On en a profité pour écouter les groupes locaux Sudden Impact et MUTE. Sudden Impact est un groupe de hardcore formé à Toronto au début des années 80. Les pièces comme Drunk Driving, Freaked Out et Gonzo donnent un aperçu de leur style direct et punché. Au moins quatre personnes se sont fait avoir par une reprise de All I Want de Offspring en test de son du groupe MUTE de Québec! On avait oublié à quel point The Raven était un excellent album (We’ll come back!) et on quitte la forêt enchantée pour attraper un bout de l’intense formation OFF! On a eu un bon aperçu de la tendance lourde qui s’installerait peu à peu au parterre! On retourne fondre devant la Scène de l’Est pour Wavves, personnellement ma découverte du festival. Ce surf rock qui flirte avec l’indie et le pop-punk nous vient tout droit de Californie et renouvelle la troisième vague punk rock américaine des années 90, cette période légère et cabotine (ils ont d’ailleurs fait une reprise de Dammit de Blink 182, emblématique tune des nineties). D’entrée de jeu le chanteur Nathan Williams a remercié OFF! pour leur introduction, Keith Morris les ayant présentés comme « leurs amis milléniaux ». Ces rois de la plage sont définitivement les rois de la scène!

Un clash certain avec le groupe qui suivait : The Exploited! C’est à eux qu’on doit le slogan Punks Not Dead (leur album paru en 1981) et ils l’ont une fois de plus prouvé vendredi! D’autant diront que c’était un show dans ta face. Toujours généreux avec leur public, The Exploited a terminé le spectacle en faisant monter beaucoup de fans sur scène, pour finir ça en gros party! Lisez notre entrevue avec le leader de la formation Wattie Buchan! Bigwig a aussitôt enchaîné sur la scène voisine. Une musique oscillant entre le punk rock mélodique et le hardcore-métal pour sa rapidité technique, Bigwig en a mis plein les oreilles aux fans euphoriques de les voir à Montréal. Last Song, Last Call, Moosh et A War Inside sont au nombre des pièces entendues.

Puis ce fût au tour de Pennywise, pour qui la foule était à son plus grand. Plus la journée avançait, plus les modèles de fauteuils roulants qui faisaient du crowd surfing étaient sophistiqués. Le 26 juillet c’était l’anniversaire du chanteur Jim Lindberg (qui a eu 54 ans!) et ses filles lui ont apporté un gâteau sur scène, pendant que le public lui chantait bonne fête. On avait de grandes attentes pour le gâteau lancé dans la foule, qui a malheureusement fini sur le béton devant la scène. Le groupe aux paroles et choeurs forts a offert ses plus grands succès, dont plusieurs de leur premier album Pennywise (Rules, Pennywise), About Time (Perfect People, Same Old Story, Peaceful Day) et Full Circle (Fight Till You Die et l’incomparable Society). Fuck Authority nous a ramené à Noël 2001 alors que plusieurs punks avaient reçu le CD Land of the Free? en cadeau. Au final, peu ou pas de pièces de leurs albums passés les années 2000, au plus grand plaisir des fans old school. Après leur classique reprise de Stand by Me, le groupe a fermé le show avec Bro Hymn. Pour une fois les gens semblaient avoir compris que le groupe la joue toujours en dernier, car on n’a pas entendu de perdus beugler le titre pendant tout le concert.

Avec un setlist pigeant dans pratiquement tous les albums du groupe (une bonne dizaine étaient représentés) Bad Religion a offert une performance à la hauteur de leur réputation : constante, énergique et concise. Pas de temps à perdre à séparer la foule en deux et passer dix minutes à savoir quel côté crie le plus fort; on va droit au but et on enchaîne les hits. On a des messages à faire passer, que ce soit par Them and Us, Stranger than Fiction, Recipe for Hate, Chaos from Within, Los Angeles is Burning, My Sanity, Lose Your Head, Suffer, I Want to Conquer the World, 21st Century (Digital Boy), Generator, New Dark Ages, You, ou encore Sorrow, Infected et bien sûr LA chanson pour laquelle tout le monde avait payé pour voir live : American Jesus. Greg Graffin mérite un prix pour ses courtes introductions qui dévoilent le titre de la chanson qui s’en vient! Leurs chansons engagées et critiques seront nécessaires jusqu’à ce que des changements sociétaux de fond aient lieu…. Ce qui ne semble pas prêt d’arriver! Un spectacle qui honore la qualité des compositions du groupe et confirme leur pertinence dans la scène musicale internationale, tous styles confondus.

À l’exception des deux têtes d’affiche, qui se produisent plus régulièrement en ville, on a pu voir de nombreux groupes éteints qui fêtent leur anniversaire de fondation, un nouveau départ, ou la parution d’un album important. La capacité de ’77 Montréal de rallier autant de groupes qui étaient actifs avant ma naissance est à souligner. Une occasion unique de toucher du bout des doigts une scène locale et internationale qui, à défaut d’avoir perduré dans le temps, a pavé la voie pour plusieurs et mérite une juste reconnaissance.

Preuve que l’aménagement du nouveau site est efficace, prendre le métro a tellement été rapide que les festivaliers n’ont pas eu le temps de s’essouffler à chanter les OooooohhhhhOhOhOh de Bro Hymn sur le chemin du retour! Un Powerade rouge et une douche pour enlever les quatre couches de poussière qui nous collent dessus et on est prêt pour la prochaine édition!

#77Montreal

Crédit photo : © Maryse Phaneuf/MatTv.ca