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2 secondes pour aimer Marjolaine Morasse

Une artiste sur une bonne lancée

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©Marilène Lucas / Fluophoto

Par : Matthy Laroche

C’est sous un soleil radieux que des milliers de personnes se sont rassemblées sur le site de l’International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu le 17 août dernier. J’ai assisté, pour l’occasion, à quelques spectacles bien intéressants (voir article précédent). Concentrons-nous aujourd’hui sur une artiste qui vaut vraiment la peine d’être découverte, la jolie Marjolaine Morasse. Vous aurez sans doute reconnu son visage puisqu’on l’a brièvement aperçue durant la quatrième édition de La Voix. Comble de malheur, elle n’a pas franchi l’étape des auditions à l’aveugle à cause d’un tout bête mal de gorge. Ça ne lui a pas empêché de poursuivre ses rêves pour autant puisque la Chapaisienne continue de rouler sa bosse dans le monde de la chanson. L’auteure-interprète impressionne déjà avec un parcours très riche en expérience. Voici un petit aperçu de son passage aux Montgolfières.

Il m’aura fallu faire le tour du site, demandant des indications à plusieurs personnes, pour tenter de retrouver l’emplacement de la toute petite scène ambulante de la Scène Hydro-Québec. C’est finalement au loin que j’ai aperçu Marjolaine Morasse et son équipe en direction de l’aire des jeux gonflables. Le temps de tout installer, la chanteuse, tout sourire, nous a offert une prestation musicale d’une vingtaine de minutes entremêlant compositions et reprises de chansons, accompagné de son guitariste Antoine Mainville. Un petit public, surpris de voir débarquer une scène en plein milieu du terrain, s’est rapproché pour écouter les premières notes de la reprise de Je ne veux pas travailler de Pink Martini, nous laissant découvrir une artiste à la voix mature et juste. Ensuite, elle nous a entraînés dans son univers avec l’une de ses compositions intitulée 2 secondes, avec un refrain qui reste dans la tête. Elle a enchaîné avec une reprise de Paradis City de l’extravagant Jean Leloup, puis avec une autre de son cru, Prendre le nord, lui rappelant les souvenirs de son coin de pays. Elle termine ce petit moment avec Briser un cœur d’Ariane Moffatt.

C’est une vingtaine de minutes plus tard que la chanteuse remonte sur une scène un peu plus grande, L’Étoile Tim Hortons. Cette fois-ci, le spectacle s’est fait en formule trio, avec Élie Dupuis (La Voix 3) au piano et Antoine Mainville à la guitare. Encore une fois, elle y est allée de ses compositions et des chansons qui lui tiennent à cœur. Elle a, entre autres, magnifiquement interprété Rêver mieux de Daniel Bélanger ainsi que Kraft Dinner de Lisa LeBlanc. Bien sûr, elle a refait Paradis City, mais aussi la chanson Sensualité d’Axelle Red, qu’elle avait choisie de chanter durant son audition. D’autres compositions se sont rajoutées à 2 secondes et Prendre le nord, dont Chandail de laine et Coup de foudre. Nous sentons qu’elle est à l’aise sur scène et qu’elle aime y être. Avec un petit 45 minutes de spectacle, c’était bien trop court, j’en aurais pris beaucoup plus.

Sa voix, son univers, ses belles écritures, tout y est! Marjolaine Morasse est là pour rester. Vous pouvez la suivre dans tous ses projets et ses spectacles grâce à sa page Facebook. Pour les intéressés, j’ai également eu la chance de m’entretenir avec la chanteuse un petit moment. Voici le résultat de mon entrevue :

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Nous t’avons découverte à la quatrième saison de La Voix. Malgré que tu n’as pas franchi l’étape des auditions à l’aveugle, que retiens-tu de ton expérience?

« Je retiens des choses positives, parce que pour moi La Voix, je devais le faire. Je sentais vraiment qu’il fallait que j’aille là, parce que j’ai beaucoup d’amis qui l’ont fait et les gens ont beaucoup le réflexe de te dire que quand tu as une belle voix, quand tu chantes bien ou quand tu fais de la musique : «Hey! Faut que t’ailles à La Voix.» Alors je sentais que je devais le faire pour voir si c’était fait pour moi ce chemin-là… ou pas, et j’y suis allée dans cette optique-là. Au final, pour découvrir, à quelque part, que c’était peut-être moins fait pour moi ce chemin-là, de la chose à grand déploiement où tout est gros tout de suite, tout est intense tout de suite. Je suis une passionnée de musique qui fait beaucoup de chansonnier, du bar, des trucs comme ça. Ces trucs-là me plaisent aussi, donc je suis allée voir du côté de la grosse affaire pour me rendre compte que c’est peut-être moins moi. Je retiens que c’est quand même trippant. Je retiens que je veux continuer de faire de la musique, que de jouer avec des musiciens qui sont aussi professionnels, c’est trippant, que de jouer devant un aussi gros public, c’est trippant aussi. Mais que de me dire que je prends ce chemin-là pour me rendre à faire mon album, c’est peut-être moins celui-là que je vais emprunter. »

Depuis un bon moment déjà, nous te voyons chanter aux côtés d’Élie Dupuis, Fred Labrie et Antoine Mainville. D’où est-ce que votre collaboration a-t-elle commencé?

« Eux ça été un grand bonheur que je les rencontre.  Je les ai rencontrés au festival Le Tremplin, festival de l’humour et de la chanson de Dégelis, en 2013. On s’est rencontrés Fred, Élie et moi les trois en même temps et ç’a été un coup de cœur mutuel. Je me suis mise à faire de plus en plus de spectacles et à avoir besoin de musiciens, et les gars m’ont fait tellement confiance et m’ont témoigné tellement un bel amour de ce que je faisais et de ce que je suis qu’ils ont embarqué dans le projet. Depuis ce temps-là, on joue très souvent les trois ensemble. Il y a aussi Antoine que j’ai rencontré aussi à travers les concours, qui s’est greffé à tout ça, en remplacement de Fred, un remplacement de première qualité je dois dire. C’est comme ça que je les ai rencontrés, à travers les concours. »

Parlant de collaborations, avec quel artiste rêverais-tu de faire un duo?

« Je tripperais de faire un duo avec Charlie Winston, je suis sûre que nos deux voix iraient bien ensemble. Il a un grain de voix très chaud et très rauque, et une plume vraiment merveilleuse. Ou sinon dans un autre registre, je chanterais avec Beyoncé, parce que j’ai aussi ce côté qui fait partie de moi. Le spectacle aujourd’hui était plus aérien, un peu plus enveloppant, mais j’ai aussi le côté qui est beaucoup plus viscéral, le côté de Beyoncé plus féroce, plus bête de scène, je l’ai aussi. Je l’exploite moins pour l’instant, je suis moins dans ce mood-là, mais il fait partie de moi. Je sais qu’un jour il va falloir que je retourne un peu vers ça pour aller m’énerver le poil des jambes. Il y a Stromae aussi, je pourrais t’en nommer une tonne et une tonne (rires). »

J’ai su que ton album sortait à l’automne prochain, à quoi pouvons-nous nous attendre de cet album-là?

« En fait, ça va être un EP, donc un 4 ou 5 titres. On peut s’attendre je te dirais à beaucoup de ce que j’ai fait aujourd’hui, je pense que ça va être des sonorités très bois, très forêt. Je parle beaucoup de ces thématiques-là en ce moment, je suis dans le retour à la nature et la beauté des choses, qui sont des thèmes qui peuvent sonner tellement quétaine, mais que j’ai pas envie d’aborder de façon quétaine, je pense qu’on peut parler de belles choses de manières positives sans qu’on fasse comme «Oh mon dieu! C’est kitsch!», alors je pense qu’il va beaucoup y avoir de ça. Il va y avoir cet aspect-là de chanson cocon qui te fait du bien même quand c’est un peu rugueux, y’a quelque chose qui vient te réconforter, un juste milieu entre le soleil et la nostalgie. Il va y avoir beaucoup de guitare et de piano, quelque chose de très acoustique aussi. »

Si tu avais la chance de parler à la Marjolaine d’il y a cinq ans, quels conseils lui donnerais-tu?

« La Marjolaine d’il y a cinq ans était beaucoup plus terrorisée par la scène qu’elle l’est maintenant, je lui dirais de ne pas lâcher la guitare, elle serait contente cinq ans plus tard d’avoir cinq ans de plus de pratique dans le corps. Je lui dirais de ne pas avoir peur, de jamais avoir peur quand elle met les pieds sur une scène. Autant quand on est petit, on se lance et on se garoche, y’a pas de problème. Vient un temps où ça vient gros et là t’es comme «Oh mon dieu! OK, je vais chanter devant tout ce monde!». Alors c’est juste d’enlever tout ce facteur-là de peur qu’il peut y avoir. Ça serait aussi qu’elle ne se gêne pas d’écrire. C’est difficile d’écrire, mais c’est beau en même temps. Et chaque personne a quelque chose à dire, et oui des fois y’a des thèmes comme l’amour, qui a déjà été écrit de 800 000 manières, mais la Marjolaine ne l’avait jamais écrit l’amour, il était temps qu’elle l’écrive. »

Ça ne fait pas si longtemps que tu écris tes chansons?

« Non, ça fait pas longtemps, je me suis partie une soirée d’écriture. Je trouvais que les concepts de soirées d’humour étaient vraiment trippant où on pouvait aller juste essayer des numéros. Je voulais une soirée un peu de rodage, mais en musique. Alors je m’en suis partie une et, à travers ça, je lançais un défi créatif aux gens d’écrire une nouvelle chanson en un mois… et je me suis dit tant qu’à lancer ce défi-là aux autres, je vais me le lancer à moi aussi et c’est comme ça que j’ai commencé à écrire. Ça m’a motivée et ça m’a démontré ce que tout le monde me disait, que ça prend du temps, qu’il faut se laisser le temps d’écrire, et bien c’est vrai… parce que mes premières tounes là… c’était disons du couci-couça (rires), mais maintenant, avec le temps, je pense que je m’en viens de plus en plus satisfaite de mes textes, je sais que ce n’est pas parfait, il y aura toujours du travail à faire, mais je suis maintenant beaucoup plus fière de ce que j’écris et je pense qu’il y a un bon filon en arrière de ça. »

 Dans cinq ans, où te vois-tu ?

« Ohhh! La grande question! J’aimerais ça vivre de ma musique, je sais que c’est kitsch de dire ça, mais c’est tellement vrai. J’ai beaucoup beaucoup beaucoup de rêves et j’aimerais ça que ça devienne mon quotidien, j’ai la chance de faire déjà beaucoup de shows, la chance d’être investie dans de super beaux projets. J’aimerais enseigner un peu plus la musique aux jeunes, que je monte des spectacles avec des jeunes, des amis, qu’on tourne beaucoup, que j’aie déjà deux albums pourquoi pas, que j’aie des shows en salle, que j’aie tout ça, que je rentre vraiment à fond là-dedans, c’est là que je me souhaite d’être dans cinq ans, d’avoir plongé complètement, là je me sens sur le bord du tremplin, faut juste que je me lance. »